L'épreuve de la maladie à l'âge de 17 ans et la pensée de la mort expliquent sans doute en partie que tout un versant de l'œuvre de Camus se présente comme un hymne à la vie et à la nature.
Tous ses romans, même les plus sombres, sont marqués par la passion du soleil et de la mer, qui semble culminer en 1938 avec l'essai qui célèbre les Noces de l'homme avec le monde. Mais déjà dans La Mort heureuse, une oeuvre de jeunesse publiée de façon posthume, Camus chantait la puissance de l'instant et la communion avec les éléments naturels.
Dans une page d'une grande sensualité, il évoque ainsi un bain de mer qui consacre l'union parfaite de l'homme et de la nature, source de bonheur et instrument d'une véritable renaissance.
[...] Albert Camus, La Mort heureuse Etude Une plongée régénératrice dans les flots Une description sensuelle Le personnage a de la mer et de la nature tout entière une perception très concrète, physique. Il est assailli par des sensations contraires qui l'émerveillent : à la chaleur, à la tiédeur du premier contact s'oppose le courant glacé qui pénètre soudain ses membres. Dans sa solitude, l'home est sensible au silence de la nuit, rendu plus évident par quelques bruits : le battement des pieds, le bouillonnement de l'écume qu'il fait naître. [...]
[...] Puis le bras replongeait et, comme un soc vigoureux, labourait, fendant les eaux en deux pour y prendre un nouvel appui et une espérance plus jeune. Derrière lui, au battement de ses pieds, naissait un bouillonnement d'écume, en même temps qu'un bruit d'eau clapotante, étrangement clair dans la solitude et le silence de la nuit. A sentir sa cadence et sa vigueur, une exaltation le prenait, il avançait plus vite et bientôt il se trouva loin des côtes, seul au cœur de la nuit et du monde. [...]
[...] Il va ainsi jusqu'au bout de ses forces, jusqu'au moment où l'effort physique le laissera merveilleusement las II/ La communion avec la nature Une joie profonde Elle naît de la communion avec les éléments. Des élans lyriques alternent avec les précisions concrètes et dans l'évocation de l'ivresse qui sait le nageur, on aurait parfois peine à reconnaître le style qui a fait la célébrité de Camus, cette écriture blanche (pour reprendre l'expression de R. Barthes) qui tend vers une neutralité maximum. Une vision poétique C'est en poète que Camus traduit ici le bonheur de cette plongée dans la mer. [...]
[...] Dans L'Etranger en effet, Meursault est lui aussi un homme pour qui tout n'existe qu'en fonction du corps. Sa seule passion est celle de la mer ensoleillée, et l'on retrouve chez lui la communion avec la nature qui fait le bonheur du protagoniste de La Mort heureuse. Au moment où il va mourir,Meursault retrouve cet accord parfait avec le monde naturel qui fait sa force. Dans l'un et l'autre texte, le sentiment de l'absurde est contrebalancé par l'absence de divorce entre l'homme et la nature. [...]
[...] Mais déjà dans La Mort heureuse, une œuvre de jeunesse publiée de façon posthume, Camus chantait la puissance de l'instant et la communion avec les éléments naturels. Dans une page d'une grande sensualité, il évoque ainsi un bain de mer qui consacre l'union parfaite de l'homme et de la nature, source de bonheur et instrument d'une véritable renaissance. Lecture Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. [...]
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