Breton c'est aussi le refus de la description romanesque, comme des techniques traditionnelles du roman. Nadja c'est aussi le refus de la logique dans le monde moderne.
Pour Breton, Nadja c'est l'esprit un peu fou mais libre. La jeune femme, sans le savoir, représente le mouvement surréaliste, par le refus de la raison, de l'asservissement, du travail.
Nadja, en russe, est le début du mot « espérance ».
Nadja a été publié en 1928 puis réédité en 1963 dans une version entièrement revue par l'auteur qui sert désormais de référence. C'est le récit d'une aventure réellement vécue par Breton et qui finira par une tragédie : l'internement de Nadja qui a sombré dans la folie (...)
[...] Nous sommes loin de la communication entre deux êtres. Il y a de l'ironie dans cette description qui est l'allusion à l'église seul détail qui dénote. Breton lance un clin d'œil à ses prédécesseurs dont les scènes de rencontre se passaient généralement dans des endroits magiques. Il désacralise ainsi la magie de la rencontre amoureuse racontant de manière quasi documentaire sa rencontre avec une jeune femme énigmatique. La place occupée par Paris, dont les surréalistes feront un vrai mythe moderne est importante. [...]
[...] Cela se passe dans une grande ville donc avec un brassage important de population. La scène est ouverte sur la ville par la précision que les personnages empruntent des boulevards, des carrefours donc des lieux de croissements, des lieux importants de passage et de rencontre. Un autre lieu est décrit : la gare encore un endroit très fréquentée par tout le monde, cosmopolite. Ce lieu est empli d'une foule d'anonyme, foule dont on ne perçoit que l'apparence. Cela renvoie au culte du paraître et à l'absence de communication. [...]
[...] Chacun peut avoir une interprétation de la scène. Le style Breton utilise un style dépouillé avec des phrases courtes, nominales comme pour aller à l'essentiel (Le bord, nullement la paupière des phrases lapidaires (je la regarde mieux) , des phrases interrompues (nullement la paupière ) invitant à l'imagination , au rêve. Il refuse l'emphase et même quand les phrases sont longues, ce sont des juxtapositions de propositions simples ou coordonnées (Tout à coup, alors qu'elle est peut être encore à dix pas de moi, venant à sens inverse, je vois une jeune femme, très pauvrement vêtue, qui , elle aussi, me voit ou m'a vu.) Les procédés typographiques sont nombreux et importants dans la lecture de Breton. [...]
[...] Le champ lexical sur le regard (voit, m'a vu, n'avais jamais vu, je la regarde) utilisé est très simple seulement, deux verbes. Chacun se voit puis les regards se croisent. On cesse de voir pour se regarder. Le verbe voir souligne la banalité du regard. Néanmoins tout au long du texte on remarquera une absence de complicité, de connivence. A la fin du texte je la regarde mieux montre qu'ils font enfin connaissance. Les hésitations Les hésitations de la narration sont très fréquentes ; l'auteur entretient ainsi le mystère de cette femme en faisant semblant d'hésiter, de ne pas savoir. [...]
[...] C'est un portrait plutôt péjoratif. Elle est loin d'être la femme magnifique des autres auteurs de romans qui racontent une rencontre amoureuse. Elle est plutôt laide et pauvre. Les déplacements Les déplacements à travers la ville de Paris (traverser ce carrefour, venant en sens inverse, va, erre, se pose à peine en marchant, elle se rend, allait sans but aucun, nous nous arrêtons) montre le Paris secret des itinéraires quotidiens, un lieu d'errance. On peut voir que les personnages n'ont pas de destination précise. [...]
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