Les modifications du paysage urbain sont en harmonie avec les modifications intérieures de Breton. Ainsi écrit-il à la page 182 (éd. Folio) : « Sans autre regret à cette heure, je la vois devenir autre et même fuir». La ville entière « glisse, elle brûle, elle sombre dans le frisson d'herbes folles de ses barricades». Paris n'intéresse plus Breton, il renie presque ce qu'il a aimé. Il évoque à la même page la ville d'Avignon : c'est une référence cryptée à un nouvel amour dont il taira le nom (il était allé à Avignon avec Suzanne Musard dans l'intervalle où il a suspendu la rédaction de Nadja).
L'anecdote de M. Delouit est apparemment absurde et sans lien avec ce qui précède : « Un monsieur se présente un jour dans un hôtel (…) et tout en remettant la clé au bureau : « Excusez-moi, dit-il, je n'ai aucune mémoire. Si vous permettez, chaque fois que je rentrerai, je vous dirai mon nom : Monsieur Delouit. Et chaque fois vous me répéterez le numéro de ma chambre…».
[...] Si vous permettez, chaque fois que je rentrerai, je vous dirai mon nom : Monsieur Delouit. Et chaque fois vous me répéterez le numéro de ma chambre C'est une revendication cachée du droit à l'amnésie en amour. L'anecdote de la voiture sauvage qui apparaît en note à la page 179 ne semble pas à sa place, alors que l'épilogue crie son oubli de Nadja : s'agit-il d'une forme de retour du refoulé ? Déclaration d'amour à une femme aimée et mystérieuse : le passage de la litanie des toi» Prose poétique, lyrique, où Breton déroule son amour absolu pour cette nouvelle femme. [...]
[...] La beauté n'est plus contemplée, mais elle est éprouvée, vécue. La beauté réconcilie le mouvement et l'immobilité. La dernière phrase du livre, La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas à la semblance d'une formule prophétique, mise en valeur typographiquement par le blanc et les lettres capitales. Selon les propres mots de Breton, c'est une formule oraculaire qui évoque l'art du raccourci surréaliste. Le lecteur est confronté à une éruption verbale, proche de la convulsion érotique. La beauté c'est l'amour fou. [...]
[...] "Nadja", André Breton (1963) - étude de l'épilogue Interrogation sur la nécessité de ce livre L'épilogue est rédigé en décembre 1927 : trois mois se sont écoulés entre la fin de la partie centrale et le début de l'épilogue. Breton, dans cet intervalle, a trouvé une véritable occasion renoncer à ce livre : J'envie (c'est une façon de parler) tout homme qui a le temps de préparer quelque chose comme un livre, qui, en étant venu à bout, trouve le moyen de s'intéresser au sort de cette chose ou au sort qu'après tout cette chose lui fait. [...]
[...] Folio) : Sans autre regret à cette heure, je la vois devenir autre et même fuir». La ville entière glisse, elle brûle, elle sombre dans le frisson d'herbes folles de ses barricades». Paris n'intéresse plus Breton, il renie presque ce qu'il a aimé. Il évoque à la même page la ville d'Avignon : c'est une référence cryptée à un nouvel amour dont il taira le nom (il était allé à Avignon avec Suzanne Musard dans l'intervalle où il a suspendu la rédaction de Nadja). L'anecdote de M. [...]
[...] Nadja, au contraire de la femme aimée, est une énigme pour Breton et le renvoie à jamais vers les énigmes». L'explicite : ultime définition de la beauté. Qu'est-ce que le beau ? Les dernières pages sont un manifeste esthétique qui coïncide avec un refus de la conception baudelairienne de la beauté, c'est-à-dire une beauté statique, figée, immobile Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, / ( ) Je hais le mouvement qui déplace les lignes sonnet La Beauté»). [...]
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