Lorenzaccio est un drame romantique et historique d'Alfred de Musset écrit en 1834. L'action se déroule dans la Florence du XVIème siècle, en 1537 plus exactement. La cité italienne est alors sous le règne du Duc de Médicis, un despote à la vie dépravée, sous l'étroite surveillance du Pape et de l'Empereur Germanique Charles Quint. Lorenzo de Médicis, cousin du Duc qui apparaît comme une âme damnée, contribue également à avilir la ville de Florence.
Le personnage de Lorenzaccio :
Lorenzaccio domine la pièce de sa forte présence. Personnage complexe en quête de son identité, être englué malgré lui dans la débauche, il est habité par Musset dont il apparaît comme une sorte de double.
Ce qui frappe avant tout dans la personnalité de Lorenzaccio, c'est son ambigüité. Il ne cesse d'offrir de lui une image brouillée, instable. En quête de son identité, il ne parvient pas à trouver son équilibre psychique. Ce caractère trouble du personnage se trouve concrétisé, de manière significative, par les différents noms qu'il reçoit tout au long de la pièce : « Lorenzo de Médicis » (le duc) est le nom prestigieux du descendant d'une famille noble ; « Lorenzino » (marie) est le nom tendre utilisé pour qualifier l'enfant d'autrefois ; « renzino » (le duc) est le surnom trop familier donné au compagnon de débauche ; « lorenzetta » (le duc) est le diminutif ambigu qui convient à l'être efféminé ; enfin « Lorenzaccio » est le terme péjoratif qui s'applique à l'individu dangereux maudit par les gens honnêtes. Lorenzo endosse donc successivement différentes personnalités, posant sur son visage de multiples masques, et, à jouer ainsi avec les apparences, en perd son âme (...)
[...] Mais il succombe sous l'ampleur d'une tache surhumaine, et s'écroule, miné par la démesure de son dessein, contesté par les procédés qu'il est contraint d'utiliser, finalement tué par l'inutilité de son geste, une inutilité qu'il avait pressentie. Lorenzaccio fait partie de ces nombreux personnages de théâtre habités par Musset. Ce n'est pas une construction abstraite, mais un reflet de l'auteur, un double qui lui ressemble comme un frère. C'est, en fait, son porte-parole auquel il transmet ses états d'âme, à travers lequel il exprime sa vision du monde. Lorenzaccio s'est un peu le Musset réprouvé qui regrette sa pureté évanouie, et l'auteur pourrait reprendre à son compte les idées exprimées par son personnage. [...]
[...] répond-il aux récriminations de la marquise (III, 6). Et son gout du luxe est un gout de barbares uniquement attaché au clinquant, aux apparences, qui viennent dissimuler sa violence et sa cruauté. Cette cohabitation entre la force brutale et le raffinement est bien notée par Lorenzaccio, lorsqu'il commente Votre habit est magnifique. Quel parfum que ces gants ! 6). Le Duc est donc un être impulsif, tourné vers le plaisir et attiré par la débauche, dans laquelle il entraine son cousin. [...]
[...] Lorenzo endosse donc successivement différentes personnalités, posant sur son visage de multiples masques, et, à jouer ainsi avec les apparences, en perd son âme. L'ambigüité de Lorenzaccio est celle du héros romantique, dont il a le physique. C'est en effet un être frêle, fragile, dont la vie de débauche n'a pas totalement fané une grâce un peu féminine. C'est un séducteur, écartelé entre les aspirations à l'idéal et l'attirance pour les plaisirs, une sorte d'ange déchu qui garde la nostalgie de l'innocence perdue. [...]
[...] Il est attiré par la débauche, ne cherche dans les aventures amoureuses qu'il multiplie qu'une satisfaction des sens ; lorsque la marquise Cibo essaie de modifier son comportement, il lui répond de façon significative Pourquoi diable aussi te mêles-tu de politique ? Allons, allons ! Ton petit rôle de femme, et de vraie femme, te va si bien ! (Acte III, scène 6). Sa conception du pouvoir est tout aussi élémentaire. Il veut l'exercer sans partage, y voyant surtout un moyen de s'enrichir : je me soucie de l'impôt ; pourvu qu'on le paie, que m'importe ? [...]
[...] Le personnage du Duc : L'ambigüité qui marque la ville de Florence ainsi que Lorenzaccio se retrouve dans la famille des Médicis, partagée elle aussi entre le bien et le mal. Cette division se concrétise dans l'affrontement, d'abord caché puis exposé au grand jour qui oppose les deux cousins Lorenzo et Alexandre. Le Duc, Alexandre de Médicis, joue un rôle essentiel dans la pièce, il est la cible que vise Lorenzaccio. Il est le symbole du pouvoir dictatorial, pour lequel la force représente la valeur privilégiée. [...]
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