André Schwarz-Bart, juif d'origine polonaise, était marié à une Guadeloupéenne, cela a influencé sa littérature, et l'a notamment amené à rédiger "La mulâtresse Solitude", œuvre publiée en 1972. Il s'agit du premier roman où une femme marronne est présentée comme le personnage principal. En effet, l'univers du marronnage correspond au stéréotype du masculin et laisse peu de place aux femmes au sein des communautés marronnes, elles n'ont ainsi que des rôles subalternes. L'extrait étudié est intégré à la deuxième partie du roman, à savoir celle consacrée à Solitude. Il s'agit d'un dialogue entre Mademoiselle Xavière et l'héroïne.
Dans quelle mesure ce texte rend-il à la fois compte de la vision occidentale sur les esclaves noirs et des techniques de marronnage dont les noirs faisaient usage ?
[...] En effet, l'univers du marronnage correspond au stéréotype du masculin et laisse peu de place aux femmes au sein des communautés marronnes, elles n'ont ainsi que des rôles subalternes. L'extrait étudié est intégré à la deuxième partie du roman, à savoir celle consacrée à Solitude. Il s'agit d'un dialogue entre Mademoiselle Xavière et l'héroïne. Dans quelle mesure ce texte rend-il à la fois compte de la vision occidentale sur les esclaves noirs et des techniques de marronnage dont les noirs faisaient usage ? [...]
[...] Enfin, on a une allusion aux fourmis rouges que Solitude semble craindre par-dessus tout. C'est alors que Mademoiselle Xavière parle à son tour de sa plus grande crainte: Moi, c'est qu'on m'arrache les dents une à une, toutes les dents une à une: je les ai tellement sensibles que ce serait à mourir, même si j'étais négresse. Elle semble continuer à penser jusqu'à la fin que les nègres sont moins sensibles que les blancs puisqu'elle considère que ce serait une douleur atroce que de se faire arracher les dents une à une même en étant négresse et même si, selon elle, ce serait alors une douleur bien moindre pour elle étant donnée la faiblesse du ressenti pour les nègres en comparaison avec les blancs. [...]
[...] La Mulâtresse Solitude, André Schwarz-Bart La littérature antillaise est apparue au XIXe siècle, période durant laquelle les auteurs furent encouragés à parler de leur province d'origine. C'est ainsi que les auteurs blancs d'abord présentent le régime esclavagiste puisque l'alphabétisation est encore interdite aux esclaves. Puis finalement, les écrivains noirs descendants d'esclaves y auront aussi accès dès l'abolition de l'esclavage en 1848, et vont faire apparaître la notion de nègres marrons. En effet, ce genre littéraire est le plus souvent écrit par des gens nés aux Antilles ou ayant longtemps vécus aux Antilles, et dont la littérature, au moins au début, parle des Antilles. [...]
[...] On a d'autre part la vision typiquement occidentale, à travers Mademoiselle Xavière notamment. Elle comporte un certain nombre de préjugés tels que la superstition, l'idée de sorcellerie existant au sein de la communauté noire, mais aussi l'idée selon laquelle les noirs ne ressentent rien et n'éprouvent aucune douleur, ou alors très faiblement. Solitude est ainsi surveillée discrètement dans l'hypothèse d'un contact souterrain avec sa mère ce que l'on peut traduire par l'idée de mystique chez les noirs: les blancs restent persuadés que ces pratiques demeurent toujours d'actualité. [...]
[...] L'idée de sorcellerie est par ailleurs évoquée plus explicitement en ces termes: il y avait de la sorcellerie là-dessous, pas possible autrement Mademoiselle Xavière considère qu'un nègre marron pratique forcément cela et incarne la figure du mal. Elle garde à l'esprit l'idée du noir avec le diable au corps, idée qui est par ailleurs partagée par la plupart des blancs, et notamment par son père: on peut émettre l'hypothèse selon laquelle elle serait influencée par l'avis que ce dernier porte sur les noirs. [...]
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