« Les Mots » constitue à la fois la dernière œuvre de Jean-Paul Sartre et son autobiographie. A travers le récit de quelques épisodes d'une enfance bourgeoise, Sartre entreprend de faire la critique de son milieu et de sa culture d'origine. Dans « Les Mots », il raconte ce qui l'a amené à l'écriture : un conditionnement familial, le culte des livres. Mais ceux-ci l'ont un peu coupé du monde réel.
A la fin de la partie « Lire », l'auteur raconte comment, enfant, il déambulait avec sa mère dans le jardin du Luxembourg à Paris, sans pouvoir s'intégrer aux groupes d'enfants de son âge. La principale question qui se pose est donc la suivante : en quoi ce moment est-il constitutif d'une révélation formant un véritable cap dans l'existence de l'auteur ?
[...] Il s'agit là d'une révélation dramatique car l'enfant est confronté à une image radicalement différente de celle qu'il avait dans sa famille, comme le met en lumière : je n'en revenais pas de me découvrir par eux lignes 10 et 11. Il perd une image favorable au profit d'une image dévalorisante L'impact de cette vérité Sartre a très envie de jouer et de faire partie du groupe. Pour cela, il est prêt à tout : même un rôle muet m'eût comblé ; j'aurais accepté dans l'enthousiasme de faire un blessé sur une civière, un mort lignes 7 et 8. [...]
[...] Il faut comprendre ici qu'en effet, avec un fils qui parait jeune, la mère elle-même semble par suite moins âgée. De plus, Sartre décrit son retard physique en utilisant des termes le rendant dépendant, qui le réifient par rapport à la mère : elle aimait que je fusse, à huit ans, resté portatif et d'un maniement aisé : mon format réduit lignes 14 et 15. La suite de la phrase : passait à ses yeux pour un premier âge prolongé donne un côté de nourrisson attardé. [...]
[...] Il donne l'image de quelqu'un d'inadapté à la vie sociale, et ce, malgré le soutien de sa mère. Ce passage clôt la première partie de son autobiographie : Lire Elle sera suivie de la partie Ecrire dans laquelle Sartre va préciser son rapport à l'écriture. Ce livre constitue une œuvre majeure, dans le domaine de l'autobiographie, certes, mais bien au-delà. Le comité du prix Nobel de littérature avait d'ailleurs voulu saluer cette œuvre. Sartre, cependant, refusa la récompense, ne voulait se retrouver dépendant d'aucune institution et conserver ainsi son entière liberté. [...]
[...] On peut citer, pour prouver cette idée, deux passages : je m'accotais à un arbre, j'attendais ligne 5 et je mettais mon orgueil à ne pas les solliciter ligne 20. L'auteur se replie donc sur lui-même, retourne à son monde intérieur, où il est à l'aise. Sartre compense cette situation avec ses jeux : je me vengeais de mes déconvenues par six mots d'enfant et le massacre de cent reîtres lignes 25 et 26. Dans la dernière phrase de l'extrait soumis à notre étude, on entrevoit le regard de Sartre sur ce qu'il était enfant. [...]
[...] Il est notamment idéalisé, valorisé par son grand-père. L'auteur est ainsi le centre d'intérêt de sa famille. Sartre est solitaire. Il lit des romans d'aventures (sûrement quelque peu difficiles au niveau du vocabulaire utilisé). Il va s'identifier à ses héros et s'approprier les qualités de ceux-ci. On peut noter dans l'extrait soumis à notre étude que Sartre se moque de l'image de lui-même qu'il avait lorsqu'il était enfant, comme le montre les propos hyperboliques des lignes 4 et 5 : mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlétique, mon adresse spadassine Par ces propos, Sartre démystifie l'image qu'il avait de lui L'autre vérité Au Luxembourg, Sartre a une révélation sur lui en découvrant la supériorité des autres. [...]
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