Les Mots, Jean-Paul Sartre, texte polémique, texte rétrospectif, opinions, Poulou, société des classes, pauvreté, bourgeoisie, éloge, égocentrisme, ironie, décalage, procédés, satire paradoxale, humiliation, naïveté
Fils unique et issu d'une famille bourgeoise, Sartre naît le 21 juin 1905. En outre, il vit chez sa mère durant dix belles années. Par conséquent, le petit Sartre, surnommé “Poulou”, est choyé et adoré par les siens, ignorant tout de la violence extérieure. À vrai dire, il vit dans un monde superficiel et joue la comédie : on l'adore, il se rend adorable. Cet environnement contribue probablement à faire naître en lui de l'égocentrisme et de l'indifférence envers autrui. C'est alors que Sartre se charge de raconter sa jeunesse quand il écrit Les Mots publié en 1963. Cela dit, le thème de l'enfance n'est pas enjolivé et flatté. En réalité, cette autobiographie est un récit rétrospectif. Le narrateur impose son regard critique, projeté vers les événements passés. Ainsi, cette période où Poulou cherchait à tout prix à être aimé est critiquée, voire parodiée par un Sartre ayant pris du recul.
[...] De quelle manière ce texte polémique aux propos extrêmes est-il, au final, un texte rétrospectif qui dénonce toutes les idées qu'il défend ? Le texte se découpe en deux mouvements et démarre par un éloge paradoxal et biaisé de la bourgeoisie et de la société des classes, pour se conclure par une satire paradoxale et contrefaite de la pauvreté. Éloge paradoxal et biaisé de la bourgeoisie En effet, Poulou passe la majeure partie de son enfance cloîtrée dans une bulle d'argent. [...]
[...] Par conséquent, nous comprenons dès la première phrase du texte que Poulou a une vision prédéfinie de la vie. Par ailleurs, le point de vue de Poulou est recouvert par la succession d'hyperboles "nous consumons notre temps à nous accabler d'hommages". En réalité, les "cérémonies" et les "hommages" font référence au catholicisme dans un premier temps. Néanmoins les termes "accabler" et "consumons" sont péjoratifs. Les hommages deviennent alors pénibles, et le temps, une force que l'on épuise. En effet, cela remet en question le caractère sincère de cette phrase. [...]
[...] Cet enfant qui ne cherche que l'amour de ses proches, qui fait l'éloge de ce qu'il sait et la satire sur ce qu'il ignore. C'est un texte absurde et ironique. Sartre prend une certaine distance avec son moi-passé. C'est pourquoi il tente de souligner cet écart à travers divers procédés: ces subtilités et contradictions liées à l'enfance. [...]
[...] Ici, la litote "je n'ai garde" est paradoxale avec l'hyperbole "plus haut échelon". Par conséquent, ses propos semblent peu crédibles, voire ridicules. L'élévation et la grandeur sont une fois de plus illustrées : "je me tiens sur un petit perchoir marginal, non loin d'eux". Et, de nouveau, le discours du narrateur semble insensé. Non seulement un perchoir est un endroit élevé ,donc qui ne peut pas être petit. Mais encore le terme marginal et la litote "non loin d'eux" ne coïncident pas. [...]
[...] Ensuite, l'avis du narrateur est poussé par les verbes d'opinion "je trouve", "je n'aime pas et "je sais". D'ailleurs , l'adverbe de négation "je n'aime pas les toucher" empêche une connexion entre les deux partis. Il est presque impossible de former des liens, même de façon concrète. Dans le sens où le narrateur est déterminé à limiter le contact avec les "pauvres" quitte à ne pas les toucher et modifier sa voix. Néanmoins la phrase se suit par "mais je m'y force, c'est une épreuve". Cette fausse bonne volonté accentue le registre héroï-comique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture