Les Mots, Sartre, autobiographie, souvenir, autoportrait, autrui, âme, corps, connaissance de soi
Dans cet extrait des Mots de Sartre, l'auteur dresse un portrait de l'enfant qu'il a été au travers du souvenir de ses après-midis au parc.
Mais la spécificité de ce portrait est qu'il s'articule autour de plusieurs regards : celui de ses camarades, celui de sa mère, mais aussi le sien propre, rétrospectif.
De ce fait, ce portrait recueille, en réalité, non pas un seul, mais bien plusieurs portraits, qui coexistent et se complètent, et ont tous en commun d'avoir été ressaisis par Sartre.
Or, cette compilation renouvelle le genre de l'autoportrait.
[...] Dès lors, Sartre donne à voir une identité découverte par les autres à son insu, une identité qui lui est paradoxalement révélée par les autres sans que lui-même ne l'ait découverte auparavant. Ainsi, ce texte constitue un autoportrait édifié par le regard des autres au moyen du regard rétrospectif de Sartre. Il s'agit également d'un autoportrait plus généralement « adossé » à une problématique philosophique l'union de l'âme et du corps qui explique le recours au contraste pour expliquer la partition qui semble présider à l'identité de Sartre enfant. [...]
[...] Sartre s'inscrit ainsi du côté de la passivité, au moyen de verbes démontrant le caractère inactif de l'enfant : « je m'accotais à un arbre, j'attendais » (Les Mots, 1964), tandis que les autres enfants courent et s'activent. De la même manière, la dimension théâtrale du texte est renforcée par l'évocation de la possibilité d'un rôle pour Sartre dans les jeux qu'il observe. Mais il s'agit d'un « rôle muet », voire de jouer « un mort » (Les Mots, 1964), perspective qui semble réjouir Sartre tant il souhaite participer. [...]
[...] De ce point de vue, Sartre offre un portrait en forme de mise en abîme dans laquelle le regard du lecteur constitue le dernier maillon. Une perception de soi et des autres adossées à des modèles préexistants Ce portrait paradoxalement constitué du regard des autres emprunte encore d'autres éléments à des figures extérieures. En effet, la perception de Sartre par lui-même est très largement adossée à des modèles préexistants, et l'on observe ainsi que la structure saturnienne du monde est très largement héritée des canons de la beauté antique, ou plus généralement du monde militaire. [...]
[...] Les Mots, Le jardin d'enfants Jean-Paul Sartre (1964) - Comment l'auteur se réapproprie-t-il le souvenir par l'écriture ? Dans cet extrait des Mots de Sartre, l'auteur dresse un portrait de l'enfant qu'il a été au travers du souvenir de ses après-midi au parc. Mais la spécificité de ce portrait est qu'il s'articule autour de plusieurs regards : celui de ses camarades, celui de sa mère, mais aussi le sien propre, rétrospectif. De ce fait, ce portrait accueille en réalité non pas un seul mais bien plusieurs portraits, qui coexistent et se complète, et ont tous en commun d'avoir été ressaisis par Sartre. [...]
[...] Cette ironie permet l'élaboration d'une identité rétrospective, qui donne une définition de soi par la négation, à l'aide de pôles marqués, voire outrés. Ainsi, la définition de Sartre par lui-même comme n'était « ni merveilles, ni méduse » (Les Mots, 1964) l'inscrit entre des types clairement définis. Par ailleurs, Sartre se définit également par la négative, en disant davantage ce qu'il n'est pas que ce qu'il estime être : « ma musculature athlétique, mon intelligence prodigieuse, etc. » (Les Mots, 1964). [...]
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