L'ouvrage d'Hermann Broch, La Mort de Virgile, a paru pour la première fois en 1945. Il expose dans son roman, le poète Virgile, face à la mort, qui, dans un désespoir profond, souhaite détruire l'Enéide. L'extrait que nous allons étudier se trouve dans la troisième parti du roman intitulé « Terre -l'attente » dans lequel Virgile reçoit, tout d'abord, ses amis puis l'empereur Auguste qui souhaite lui parler seul. Le discours entre le Poète et l'Empereur prend une grande importance au sein de ce chapitre, dans la mesure où Auguste tente de persuader Virgile de ne pas détruire son œuvre pour préserver les chants de la mémoire.
En effet, l'Enéide donne à Rome un passé héroïque et mythologique et fournit à Auguste une filiation justifiée et des plus nobles. Cependant, Virgile se doit d'obéir aux « voix » qui lui demandent de sacrifier son œuvre pour la venue d'un nouveau messie, son dessein est sacré, contrairement à celui d'Auguste qui relève de la politique. Au seuil de la mort, le prophète qui est en Virgile voit apparaître la fin de l'Empire Romain et celle de sa culture. Cependant, l'amitié et l'amour qui le lient à Auguste permettront à Virgile d'abandonner son programme et d'offrir son ouvrage à l'Empereur.
Comment Auguste, par son discours persuasif, parvient-il à convaincre Virgile de ne pas détruire son œuvre ?
[...] Le discours de l'Empereur a pour unique but de sauver le poème. Il utilise des sentiments intenses et son art de la rhétorique pour culpabiliser Virgile de donner son œuvre en sacrifice. Auguste n'est pas entièrement sincère dans son discours. Il emploie son amitié pour parvenir à ses fins. On s'aperçoit que le discours d'Auguste à un impact sur Virgile car ce discours ressemble à une dispute d'enfants, le poète est attendri devant ce discours qui est préparé essentiellement pour le convaincre de ne pas détruire son poème. [...]
[...] C'est pour cela que la relation entre les deux personnages est ambiguë, car l'un ne peut pas vivre sans l'autre, cependant, leurs statuts hiérarchiques les séparent. L'Enéide, grâce à sa conservation, a parcouru les temps et a permis à Hermann Broch de faire de la mort de Virgile, un message précurseur du christianisme. [...]
[...] La relation entre Virgile et Auguste est ambiguë dans la mesure où on constate que leur amitié est basée sur une relation de supériorité et d'infériorité. On trouve une hiérarchie entre les deux personnages. On observe cela, tout d'abord, avec l'importance du discours d'Auguste. En effet, celui-ci domine la discussion et Virgile ne peut ni répondre, ni se défendre sur ce que dit l'empereur. Il ne lui laisse pas son mot à dire afin que le poète ne le perturbe pas dans son discours. Auguste lui donne l'ordre de se taire et, par conséquent, de le laisser parler : Tais- toi ! [...]
[...] Ainsi, Virgile dénigre son œuvre et semble en avoir honte. Virgile veut servir le peuple et le public, c'est son devoir de poète de guider le peuple vers la connaissance et de le mener vers la vérité. C'est pourquoi, en voulant détruire son œuvre, il agit avant tout pour le bien du peuple, c'est son devoir de juger ce qui est bien ou ce qui ne l'est pas : Il me faut anéantir ce qui est sans connaissance c'est le mal l'emprisonnement pas de délivrance c'est le devoir suprême ! [...]
[...] Cependant le discours d'Auguste persuade le poète de ne pas détruire son œuvre en le culpabilisant et en l'insultant d'hypocrite. Il se base sur leur relation d'amitié pour montrer à Virgile sa prétendue haine. On constate, pourtant, que le don de l'œuvre se fait naturellement de la part de Virgile car le lien d'amitié qui le relie à Auguste est d'autant plus important que son statut d'empereur. Malgré cela, Auguste a besoin de ce poème pour montrer sa grandeur auprès de son peuple mais aussi pour servir la mémoire mythologique et héroïque de Rome. [...]
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