« La mort », c'est ainsi que Charles Baudelaire intitule la dernière section de son recueil des Fleurs du Mal publié en 1857, c'est également par ces mots qu'il ouvre le titre du premier poème de cette section « La Mort des amants ».
Ce sonnet irrégulier propose, comme l'indique son titre, d'étudier la vision de l'auteur concernant la mort liée à l'amour, qui constitue pour lui son dernier espoir pour remédier à son mal-être. Ce paradoxe nous contraint à nous demander comment le poète parvient à faire ressentir au lecteur cet espoir en la mort.
Nous analyserons ainsi que l'auteur se livre à une véritable dédramatisation de la mort, et qu'il existe un réel lien intime entre la mort et l'amour. Baudelaire révèle également au lecteur que la mort peut apparaître comme un aboutissement du couple.
[...] Le vers «Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. met en évidence que la mort apporte aux amants, nous ce qu'ils ne pourraient obtenir sans elle avec des cieux plus beaux Le terme adieux souligne l'espérance des amants qui s'en remettent à Dieu pour leurs existences futures, mais il est également associé au terme joyeux de par leur rime, qui crée là encore un effet de dédramatisation du terme adieux puisqu'il peut apparaître comme joyeux et ouvrir à une autre existence heureuse dans les cieux La mort n'apparaît donc plus comme une fatalité, mais comme une ouverture vers l'Idéal. [...]
[...] Et c'est le comparatif comme qui permet de faire le lien entre ces deux notions. On relève encore leurs chaleurs dernières avec le nom chaleurs qui rappelle également l'amour physique, et l'adjectif dernières qui suggère que la mort succédera à ces chaleurs Il existe donc un réel lien entre l'amour et la mort dans La mort des amants qui permet aux amants de rester unis par l'amour et dans la mort. La mort, soumise à une véritable dédramatisation de sa fatalité par Baudelaire, est intimement liée à l‘amour, qui peut, dès lors, apparaître comme un aboutissement du couple en recherchant les portes de l'Idéal dans celle-ci. [...]
[...] Le titre à lui seul annonce l'union de la Mort et des amants et par conséquent l'amour. Le pronom nous et le possessif nos traduit l'union et la fusion des amants renforcées par des termes tels que deux répétés à trois reprises dans la seconde strophe, doubles jumeaux et unique qui rendent compte de leur unicité, de leur ressemblances et de leur complémentarité. Les miroirs jumeaux renvoient le même reflet de leur âme respective, ils ne font plus qu'un dans leur éclair unique qui est leur regard ultime, les amants se regardant l'un l'autre plutôt que d'affronter la mort et qui se perpétuera indéfiniment dans la mort. [...]
[...] La métaphore des miroirs ternis symbolisant les esprits des amants, autrement appelés miroirs jumeaux dans le second quatrain, met en évidence qu'ils sont toujours présents par le choix de l'adjectif ternis qui signifie qu'ils ne sont pas brisés et donc existent toujours. La métaphore des flammes mortes symbolisant quant à elle les cœurs des amants, aussi appelés vastes flambeaux dans le second quatrain, révèle que bien que les flammes soient éteintes, les braises subsistent toujours et ainsi le feu de leurs cœurs peut être ranim[é] Ils sont donc toujours présents et ne demandent qu'à renaître de leurs cendres. Ainsi, la mort permet aux amants de se libérer et de renaître dans leur amour et l'Idéal. [...]
[...] L'amour devient alors éternel. Dans le deuxième quatrain, les amants [usent] à l'envi leurs chaleurs dernières autrement dit, ils profitent de leurs derniers instants avant que la mort ne les emporte, mais dès le quatrain suivant apparaît l'espérance d'une renaissance de leur amour. En effet, Un soir fait de rose et de bleu mystique, traduit le crépuscule et en conséquence la renaissance du soleil qui se lève de nouveau chaque jour et qui symbolise ici la renaissance de l'amour des amants. [...]
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