Charles Baudelaire (1821-1867) est un poète postromantique considéré comme l'initiateur de la modernité par l'audace de ses images, son goût de la contradiction et l'originalité de son oeuvre. Les Fleurs du Mal, son recueil de poèmes en vers, fut mal compris lors de sa parution en 1857 et lui valut même un procès. Il est aujourd'hui considéré comme un chef d'oeuvre incontournable dans l'évolution de la poésie.
Ce sonnet écrit en décasyllabes est le premier poème de la dernière section du recueil. L'auteur évoque la mort, mais en idéalisant l'union entre les deux amants (...)
[...] Un univers paradoxal de sensations : On constate que dans ce poème les sensations sont très nombreuses, ce qui est étonnant pour évoquer la mort, et cela donne l'impression que les deux amants sont vivants et qu'ils continuent à échanger Ainsi dès le premier quatrain apparaissent les sensations olfactives, avec les odeurs légères qui traduisent une grande délicatesse, et ces étranges fleurs comme venues d'un autre monde. Les sensations tactiles sont encore plus nombreuses, et mettent en valeur la chaleur avec les termes métaphoriques flamme et flambeaux qui ont une connotation amoureuse. Or on attendrait davantage le froid et la rigidité pour décrire la mort. [...]
[...] Enfin la joie est associée à la fidélité dans le second tercet, par delà la mort. La présence des fleurs des odeurs et des flambeaux rappelle évidemment le rituel religieux en hommage aux défunts, mais ici ces motifs n'ont aucun caractère négatif, bien au contraire. II Une évocation étonnante d'une mort idéale : Une mort sereine et douce : Il n'y a dans ce sonnet rien de pathétique ni de cruel, et seul le vers onze exprime une certaine mélancolie. La métaphore du lit et du divan assimile la mort à une sorte de sommeil. [...]
[...] Là encore, tout est lumineux et coloré, où l'on attendrait l'ombre et la noirceur. Le dernier vers précise que Les miroirs ternis et les flammes mortes seront ranim[ées] La mort est donc un passage vers un autre monde plus exaltant encore, et elle ne peut désunir le lien qui anime, au sens mystique et étymologique du mot, les deux amoureux. L'espérance et le beau : On remarque que peu de mots ont une connotation négative dans le texte, même si le champ lexical de la mort est bien présent, avec tombeau dernière adieux et mortes Le long sanglot est le seul élément pathétique, mais par l'analogie il est aussi un éclair unique les larmes deviennent lumière, l'eau se transforme en feu et donc en vie. [...]
[...] Au contraire, dans les deux tercets, la dualité laisse la place à l'unicité. Il y a donc une progression vers cette fusion des deux amants vers l'union parfaite dans la mort, comme le traduit la métaphore du vers dix, un éclair unique renforcée par la contradiction avec le verbe échanger Cette brièveté de l'éclair s'oppose aussi au long sanglot du vers suivant, mais les deux amants semblent mourir ensemble et au même moment. C'est dans ce moment qu'ils deviennent un Enfin l'indication temporelle Un soir traduit une certaine intimité. [...]
[...] Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ; Et plus tard un ange, entrouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes. Commentaire : Introduction : Charles Baudelaire (1821-1867) est un poète postromantique considéré comme l'initiateur de la modernité par l'audace de ses images, son goût de la contradiction et l'originalité de son œuvre. Les Fleurs du mal, son recueil de poèmes en vers, fut mal compris lors de sa parution en 1857 et lui valut même un procès. Il est aujourd'hui considéré comme un chef d'œuvre incontournable dans l'évolution de la poésie. [...]
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