Parce que sous la carapace rigide du roi, l'être humain est enfin apparu, Inès laisse libre cours à sa profonde humanité et s'adresse à lui avec tout à la fois respect et affection. Par exemple, nous relevons l'anaphore du possessif « mon », dans la première réplique de Inès - « O mon roi » répétée deux fois -, alors qu'auparavant elle disait « seigneur » (...)
[...] L'opposition est donc terrible, tragique, entre cette femme profondément heureuse d'être mère, et ce roi totalement déçu par la paternité et qui, loin de se laisser aller au bonheur d'une prochaine naissance qui devrait enfin unir la famille, n'y voit au contraire que désagréments et source de problèmes. Par cet aveu qui aurait dû la protéger davantage encore, Inès agrandit le fossé qui la sépare de Ferrante(lui qui déclare un peu plus loin: Vous aussi, comme moi, vous êtes malade: votre maladie à vous est l'espérance. En faisant l'éloge de la vie et de la maternité, elle déclenche en fait la haine du roi qui la fait tuer à la scène suivante, sûrement par haine de la vie. [...]
[...] Tout ce que dit Inès est transformé dans la bouche du roi Ferrante, profondément négatif et pessimiste: chacune des expressions mélioratives dont use la première est reformulée par le second et dès lors, une connotation très péjorative. Le malentendu entre les deux personnages est total. Il ne laisse place à aucun compromis. En ce sens, il rend prévisible le dénouement sanglant qui est, en effet, tout proche. II Une maternité exaltée: L'éloge de la vie: Comme dans l'ensemble de la pièce, le personnage d'Inès touche le spectateur. [...]
[...] Ferrante s'oppose donc radicalement à l'optimisme de Inès. Loin de se montrer complaisant à l'égard de celle-ci, comme elle l'a été à son égard, il est choqué et révolté. Une totale mésentente: D'un côté nous avons donc l'espoir immense, l'optimisme et le bonheur maternel de Inès; de l'autre, nous avons l'expérience désabusée de Ferrante, sa froideur inquiétante. D'ailleurs, l'extrait est construit tout en contrastes; il rebondit de mot en mot: Inès: Ferrante: un enfant Encore un enfant! qu'il me ressemble avoir voulu qu'il fût pareil à vous Il est le rêve de mon sang Vous êtes en pleine rêverie. [...]
[...] Mettre au monde revient à renaître ou, tout au moins, à se reconstruire. Notons le champ lexical de la recréation, dans la tirade de Inès: révision seconde création je me refais Je coule en lui En outre, le je de Inès, ainsi que le il du futur nouveau-né, apparaissent tour à tour sujet et objet en s'échangeant mutuellement les fonctions grammaticales: Il est une revision je le fais Je le porte et il me porte Cela exprime avec force la réciprocité des rapports entre la mère et l'enfant; car si la mère fait l'enfant, l'enfant refait la mère. [...]
[...] I Un dialogue de sourds: Le profond respect de Inès à l'égard du roi: Parce que sous la carapace rigide du roi, l'être humain est enfin apparu, Inès laisse libre cours à sa profonde humanité et s'adresse à lui avec tout à la fois respect et affection. Par exemple, nous relevons l'anaphore du possessif mon dans la première réplique de Inès - O mon roi répétée deux fois alors qu'auparavant elle disait seigneur Elle reconnaît ainsi ne plus s'adresser seulement à un roi, à un être socialement supérieur à elle, mais à un homme, à un être tout autant porteur d'humanité qu'elle. Elle ne place donc plus ses dires sous le signe de la raison, mais sous celui de l'affectif. [...]
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