Ne pouvant s'engager en 1939, Henry de Montherlant se consacre à la création dramatique. Dans son théâtre, il tente de retrouver l'austérité de la tragédie classique du 17ème siècle. Il en est ainsi de la pièce intitulée La Reine Morte, publiée en 1942. L'extrait que nous avons à étudier est la tirade de l'Infante située dans la scène d'exposition. Celle-ci expose au roi du Portugal Ferrante sa souffrance en raison du fait que l'homme avec qui elle devait se marier, Don Pedro (fils de Ferrante), pour des raisons politiques, est marié à une autre femme, Inès de Castro. (...)
[...] Il en est ainsi de la pièce intitulée La Reine morte, publiée en 1942. L'extrait que nous avons à étudier est la tirade de l'Infante située dans la scène d'exposition. Celle- ci expose au roi du Portugal Ferrante sa souffrance en raison du fait que l'homme avec qui elle devait se marier, Don Pedro (fils de Ferrante), pour des raisons politiques, est marié à une autre femme, Inès de Castro. Lecture du texte. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure cette scène d'exposition annonce la fin tragique du drame. [...]
[...] Et c'est seulement ce matin quand l'Infante se trouve en tête à tête avec don Pedro, que ce dernier lui fait un aveu le mariage est impossible car il s'est déjà uni à Dona Inès de Castro. Pour elle, c'est le comble de l' humiliation d'être venue au Portugal pour un mariage qui ne peut pas se faire. Face à cette humiliation elle demande réparation au roi Ferrante. Nous avons donc ici un conflit entre les sentiments de don Pedro et la raison d'État. L'union entre Inès et Pedro constitue l'obstacle qui va déclencher la crise. [...]
[...] En outre, elle incarne son pays, la Navarre, tel que le montre le possessif ma Sa personne symbolise sa contrée. Elle sait qu'elle en a la charge et la responsabilité. Elle a certes conscience de son rang mais aussi de celui des autres, comme le prouve l'utilisation systématique de possessifs: le Roi mon père Prince votre fils l'Infant, mon frère Si elle éclaire les liens familiaux des personnages dont elle parle, elle insiste aussi sur le haut rang qu'ils occupent. [...]
[...] Afin de montrer que chez le Navarrais l'humiliation est mortelle, elle utilise deux exemples, introduits par une interrogation montrant sa véhémence. Elle a donc un sens de l'honneur extrême. L'affront qu'elle subit est ni plus ni moins une sorte de mort morale, qui ne peut que faire songer le spectateur à la très probable mort physique de dona Inès à la fin de l'œuvre. Elle est certes bafouée en tant que femme, mais aussi et surtout en tant que princesse. [...]
[...] L'originalité de cette scène d'exposition réside dans le fait que le spectateur s'attendait à ce que ce soit le fils du roi Ferrante, don Pedro, qui avoue à ce dernier l'impossibilité du mariage avec l'Infante de Navarre. Or, l'aveu est fait par celle-ci. C'est une femme humiliée, profondément blessée dans son honneur de princesse Je marche avec un glaive enfoncé dans mon cœur qui s'adresse à Ferrante sur un ton altier. Cet appel à la réparation de l'affront ne peut qu'annoncer la mort certaine de la bien-aimée de don Pedro. [...]
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