Montesquieu, écrivain et philosophe du XVIIIe siècle, précurseur des Lumières, contribue à l'écriture de l'Encyclopédie et écrit notamment "De l'esprit des Lois" et les "Lettres persanes", publiées en 1721. Il s'agit là d'une peinture lucide de la société de son temps, sous forme de roman épistolaire, par deux Persans voyageant à travers l'Europe.
Plus précisément, la lettre CVI d'Usbek à Rhédi évoque le double visage de Paris, ville de tous les plaisirs, mais aussi du travail, où l'intérêt règne en maître. Par quels procédés Montesquieu nous livre-t-il une description lucide de Paris, description qui permet de s'interroger, en filigrane, sur les institutions et d'en remettre en cause le mode de fonctionnement ?
[...] Ainsi pouvons- nous relever en en-tête la formule conventionnelle : d'Usbek à Rhédi Ici, la présence des locuteurs et destinataire est explicite et témoigne de la part de l'auteur d'une volonté de pluralité de points de vues quant à leurs voyages respectifs dans les différentes villes d'Europe. L'auteur nous donne également le cadre spatio-temporel et le contexte de l'écriture de cette lettre : Usbek écrit en effet de Paris, le 14 de la lune de Chalval 1717 Le lieu choisi n'est pas anodin : en effet, Paris est depuis la Renaissance la capitale d'Europe réputée pour son raffinement. C'est donc intentionnellement que Montesquieu place son Persan à Paris pour développer une réflexion sur les arts et le travail. [...]
[...] Le locuteur et le destinataire sont également présents tout au long de la lettre sous la forme de pronoms personnels. Le narrateur (personnage Usbek) s'exprime en utilisant la première personne : je suppose je le soutiens et s'adresse à son interlocuteur Rhédi resté à Venise en le tutoyant : Où est donc ce peuple efféminé donc tu parles tant ? On peut également relever l'apostrophe de la ligne 18 : je suppose, Rhédi Pourtant, même si la lettre a l'apparence d'une missive, elle est construite de telle sorte qu'elle développe une argumentation qui s'appuie sur une structure très stricte. [...]
[...] On pourrait alors résumer ce texte par une citation latine étroitement liée aux notions abordées dans la lettre ( le superflu et le nécessaire) : Que demande le peuple ? Du pain et des jeux. [...]
[...] L'argumentation d'Usbek se clôt par une conclusion dans le dernier paragraphe : de tout ceci, on doit conclure, Rhédi Il y a quasiment une mise en abyme de chacun des arguments développés à l'intérieur d'une argumentation générale. A partir de là, on peut dire que cette lettre, très structurée, a bien une visée argumentative dont il convient à présent d'examiner plus précisément quels en sont les composants. Tout d'abord, Usbek développe son argumentation à partir de l'observation générale qu'il fait de la ville de Paris. Pour lui, cette dernière est composée de deux groupes sociaux différents, presque opposés et pourtant dépendants l'un de l'autre. [...]
[...] On peut en effet retrouver la notion de libre entreprise : cette passion de s'enrichir qui permet finalement à l'Etat de prospérer. Sans ce mode de fonctionnement, cet Etat serait un des plus misérables qu'il y eût au monde A cet égard, on peut noter l'emploi du terme nation Or, à cette époque, il n'y a pas véritablement de nation, mais dans ce texte, cette idée éclot discrètement. Cette notion est liée à celle du citoyen, ce qui paraît totalement incongru en ces temps là. [...]
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