A la fin du règne de Louis XIV, et pendant la Régence de Philippe d'Orléans qui lui succède pour quelques années avant le règne de Louis XV, deux persans, Usbek et Rica, voyagent en France et en Europe. A travers les lettres envoyées à leurs amis, (Mirza à Ispahan, capitale de la Perse, Rhédi à Venise, Ibben à Smyrne, port de Turquie sur la mer Egée, aujourd'hui Izmir), ils décrivent d'un regard neuf, étonné et critique, les défauts de la civilisation française du début du 18° siècle. Usbek, grand seigneur d'Ispahan, esprit clairvoyant et critique, sait dénoncer et se moquer des préjugés des Occidentaux, mais il est aveugle sur ses propres préjugés. Il règne en tyran sur un sérail qui se révolte, et le roman s'achève par le suicide de Roxane, son épouse préférée.
Nous avons donc ainsi un roman épistolaire, oriental et philosophique.
1 / Roman épistolaire
Voilà un roman par lettres (161 lettres au total) qui mêle les réactions d'Usbek et Rica écrivant aux amis demeurés en Perse ou voyageant en Europe, et les réactions de ces derniers, des épouses d'Usbek et des chefs des eunuques, qui leur donnent des nouvelles du pays. Nous avons dès lors une multitude de points de vue, et une grande diversité de tons (comique, satirique, sérieux), ce qui permet à Montesquieu de se dérober à la censure et à la condamnation du pouvoir en place, et de présenter ces lettres persanes comme des documents authentiques, un récit de voyage en Orient.
2/ Roman oriental
Les Lettres persanes sont aussi un roman oriental, un roman de sérail.
Définition du sérail : le harem, le lieu caché du palais oriental où se trouvent enfermées les femmes d'un sultan ou d'un prince, sous la garde des eunuques (jeunes hommes châtrés pour empêcher toute relation sexuelle avec les épouses du seigneur). Ces eunuques sont les gardiens de la chasteté des épouses, chargés d'exercer l'autorité du maître, et d'appliquer les sanctions (coups, fessées) en cas de faute (...)
[...] Il dénonce le despotisme oriental et le sérail, lieu inhumain et tyrannique, où l'homme est tout puissant. Roxane, l'épouse d'Usbek, se révolte contre sa condition d'esclave, et reconquiert sa dignité et son humanité par son suicide final. satire religieuse Lettre 29 Plutôt qu'à la religion proprement dite, Montesquieu s'en prend surtout aux clergés, aux rites et aux dogmes, source d'intolérance et de violence. Il critique le Pape, chef spirituel et temporel, qui ne tolère pas la religion protestante ; il dénonce le célibat des prêtres, les casuistes, confesseurs jésuites qui étudient les cas de conscience dans les situations difficiles de la vie, et pardonnent plus aisément aux riches qu'aux pauvres. [...]
[...] Roman oriental Les Lettres persanes sont aussi un roman oriental, un roman de sérail. Définition du sérail : le harem, le lieu caché du palais oriental où se trouvent enfermées les femmes d'un sultan ou d'un prince, sous la garde des eunuques (jeunes hommes châtrés pour empêcher toute relation sexuelle avec les épouses du seigneur). Ces eunuques sont les gardiens de la chasteté des épouses, chargés d'exercer l'autorité du maître, et d'appliquer les sanctions (coups, fessées) en cas de faute. [...]
[...] Sa critique se fait même très actuelle, quand il fait le procès d'une sorte de féminisation de la société française qui lui semble dangereuse, car les femmes prennent beaucoup trop d'importance dans les mœurs, et régentent tout. D'une façon générale, les Parisiens préfèrent le bel esprit et l'apparence au vrai talent. Les femmes, dit l'auteur, vont conquérir liberté, égalité et dignité par l'éducation et l'étude,dont les principaux écrivains du siècle (Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau) feront la base de toute réforme de la société. satire politique La lettre 37 raille Louis XIV qui s'est choisi vers la fin de sa vie une maîtresse de 80 ans et un ministre de 18 ans ! [...]
[...] Les Lettres persanes sont d'abord une leçon de tolérance et de mise en question des préjugés. Nous trouvons aussi une leçon de démocratie ; l'auteur attaque la monarchie absolue de droit divin ; il réfléchit aussi sur la démocratie qui exige que chacun pratique la vertu, c'est à dire mette vraiment le bien commun au- dessus de son intérêt personnel. Aussi Montesquieu se demande si la démocratie peut durer longtemps et ne pas sombrer dans une certaine anarchie. Quant à la monarchie, elle a tendance à dériver souvent vers la tyrannie. [...]
[...] L'écriture, le style des Lettres persanes Ce qui frappe dans cette œuvre, c'est le ton faussement naïf, l'ironie avec laquelle Montesquieu dénonce les préjugés, les manies et les abus de son temps. Les lettres les plus réussies sont la lettre 24, où l'auteur fait le portrait des parisiens, du roi de France, du Pape, la lettre 30, qui ridiculise la curiosité naïve et indiscrète des Parisiens, la lettre 48 où il fait plusieurs portraits comiques à la manière de La Bruyère. [...]
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