Usbek, Ibben, Smyrne
Les prénoms et la ville suggèrent d'emblée l'exotisme et l'orient, comme le mois de la date donnée en fin de lettre, tirée du calendrier lunaire persan ; par un double mouvement, la lettre est écrite à Paris par un étranger, un Persan, et va repartir loin de la France, à l'étranger.
Le roi de France est vieux.
Première phrase brève et minimale ; Louis XIV n'est désigné que par périphrase ; le seul attribut semble réduire le roi à sa vieillesse. Au-delà d'un simple constat, aspect réducteur assez critique (...)
[...] Ce paragraphe, qui ne développe qu'un aspect particulier du paragraphe précédent, aggrave en fait la critique, en montrant un monarque agissant contre le bon sens et dépensant au mépris de la raison, et se fondant non pas sur la raison mais sur la croyance et le caprice, catégories contraires à un juste gouvernement. Même au regard d'Usbek, pourtant partisan du pouvoir absolu de la volonté du monarque, cette déraison n'est plus compréhensible. Il est magnifique, surtout dans ses bâtiments : il y a plus de statues dans les jardins de son palais, que de citoyens dans une grande ville. [...]
[...] A la signification cohérente (il dépense beaucoup, surtout pour ses châteaux) s'ajoute celle, mordante : il n'y a guère que dans ses châteaux qu'il est magnifique, cohérente avec les remarques des autres paragraphes. La comparaison hyperbolique ne prête pas seulement à rire ; elle souligne à quel point le peuple est négligé au profit des fastes royaux, et l'on pourrait voir aussi dans la pétrification et la décoration une allusion aux courtisans aussi nombreux qu'inutiles de Versailles. Le nom citoyens renvoie à l'idée de nation, et s'oppose ainsi à celle de royaume (palais). [...]
[...] Qui se livre à des dépenses considérables. Le Sultan. [...]
[...] La préoccupation du roi est d'ailleurs bien placée au centre de la phrase. il aime les trophées et les victoires ; mais il craint autant de voir un bon général à la tête de ses troupes, qu'il aurait sujet de le craindre à la tête d'une armée ennemie. La gravité des exemples est croissante : on est passé de l'âge de la maîtresse à la défiance du roi envers ses généraux victorieux, donc à un aspect politique, qui isole le roi : non seulement il ne cherche qu'à faire parler de lui, mais il se méfie de ses collaborateurs trop brillants. [...]
[...] Ce premier paragraphe, qui commence par le roi de France et s'achève sur la politique orientale met donc d'emblée l'accent sur l'autorité du monarque absolu, valorisée dans la bouche d'Usbek, mais sans doute déjà critiquée implicitement par un glissement vers le despotisme, d'autant que la longueur du règne a été signalée immédiatement. J'ai étudié son caractère, et j'y ai trouvé des contradictions qu'il m'est impossible de résoudre : Ce premier emploi du je est très habile et mis en valeur au début du paragraphe. C'est bien Usbek qui se lance dans la liste des contradictions, dans une volonté assez neutre de comprendre : étudier suppose une application de l'esprit, résoudre un problème. [...]
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