Au XVIe siècle, le genre de l'essai signifie l'expérience. En effet, "Les essais" de Montaigne sont ses expériences consignées dans un livre. Sans jamais prétendre imposer une leçon, Montaigne exerce son jugement sur tout ce qui se présente à sa réflexion. Dans le chapitre 21 du livre 1, Montaigne expose son point de vue sur le pouvoir de l'imagination. Son sujet réside dans la question : comment vivre tout en sachant que « le but de notre carrière c'est la mort » ? On retrouve alors le thème de la maladie et de la mort dans le chapitre 21 intitulé : « de la force de l'imagination ».
Nous pouvons nous demander de quelle manière Montaigne organise son discours afin de permettre le cheminement de sa pensée tout en invitant le lecteur à vivre avec lui ses réflexions concernant l'imagination.
[...] Du fait de sa bonne mémoire, le lecteur ne peut que le croire, il semble que cela relève d'une situation à laquelle il a assisté et dont il peut témoigner. Les participes présents qui ponctuent les lignes 15 à 23 mettent en place la situation : me rencontrant fichant ses yeux remplissant tous ses sens Ils ont une valeur durative par leur aspect sécant et permettent donc de traduire le caractère perpétuel des actions à réaliser pour guérir. En effet, le vieillard doit selon Simon Thomas observer, regarder, relativement longuement la bonne santé de Montaigne qui pourrait le conduire à la guérison. [...]
[...] Elle n'a donc pas pour dessein d'être dogmatique. Montaigne explique [qu'il] ne dit les autres sinon pour d'autant plus dire I De cette manière il pose au lecteur la question du vrai et le convie avec lui à vivre ses tentatives, ses observations, ses réflexions. Afin d'illustrer cette citation, il poursuit son propos en s'impliquant personnellement en tant que personne sujette au pouvoir de l'imagination. l'implication personnelle de je »comme appuie de l'idée annoncée Il est vrai que les phrases qui suivent ont pour sujet le pronom personnel je : je suis de ceux me perce mon art je vivrais .On retrouve donc ici d'une certaine façon le caractère initial autobiographique des Essais. [...]
[...] III - La valeur universelle de la pensée de Montaigne Alors que dans les premières lignes Montaigne utilisait le pronom personnel je aux lignes 32 à 35 il emploie le pronom personnel nous nous tressuons, nous tremblons, nous pâlissons et rougissons Outre le pronom personnel nous on retrouve une énumération de verbes en -ons qui rime avec imagination : l'assonance a donc plus de portée sur le lecteur. On peut également penser que cela traduit une certaine folie répétitive par les énumérations des syntagmes sujet+verbes nous nous . [...]
[...] On remarque ici le maigre recours à la science habituellement très présente dans le domaine de la médecine. Le remède semble très approximatif et Montaigne cherche donc probablement à montrer que des absurdités deviennent des règles et s'imposent comme si elles étaient des preuves scientifiques à la hauteur de la médecine. Enfin, Montaigne n'hésite pas à utiliser l'ironie afin de démanteler la thèse de la citation de départ. En effet, la conj de coordination mais en début de phrase ligne 23 brise le caractère magique de la guérison du vieillard qui finalement pourrait rendre Montaigne malade. [...]
[...] Il semble y avoir un engrenage dans le processus de l'image. Notons la présence particulière du mot branle (qui fait écho aux secousses souvent présent dans les Essais. En effet, au chapitre 2 du livre 3 intitulé Du repentir il est dit: le monde n'est qu'une branloire pérenne . la constance même n'est autre qu'un branle plus languissant qui signifie que le monde, même stable est en perpétuel mouvement. Ce champ lexical du changement traduit l'idée évoquée dès le titre des Essais (Montaigne essaie sa pensée, à sauts et à gambades il change souvent d'opinion) et traduit la puissance de l'imagination qui entraîne tous les changements évoqués précédemment. [...]
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