Le passage qui nous intéresse ici s'organise comme une démonstration argumentée dans laquelle l'on peut relever trois mouvements. Les deux premières phrases sont l'introduction et la mise en place de la thèse défendue. Le second mouvement, dont les bornes sont "Edouard prince de Galles" jusqu'à "humainement lui et les siens" sert à étayer le postulat à l'aide de trois exemples militaires. Le troisième et dernier mouvement de "L'un et l'autre de ces deux moyens" jusqu'à "on fléchisse et compatisse avec eux" sert de conclusion à cette démonstration et révèle la présence du locuteur, bien que fort discrète, par les indices grammaticaux de première personne (...)
[...] Avant de s'attacher au texte en lui-même, il n'est pas inintéressant de considérer le titre de ce chapitre : Par divers moyens on arrive à pareille fin. Une phrase simple en indique le ressort, contenant elle-même déjà le paradoxe créé par la présence de deux termes antinomiques que sont divers et pareille A l'antinomie sémantique s'ajoute l'antinomie grammaticale : il est question de moyens au pluriel mais de fin au singulier. La première phrase, longue, fait entrer le lecteur dans le sujet même de ce chapitre 1 qui est la conduite du gentilhomme dans la guerre. [...]
[...] De plus, l'adjectif hyperbolique prodigieuse couplé à force et vaillance termes eux-mêmes mélioratifs, peuvent mettre en doute l'objectivité du narrateur. L'on peut y voir aussi un clin d'œil complice à l'égard de son lecteur : pourra-t-il croire à une histoire aussi peu commune ? Le troisième et dernier exemple ramène le lecteur en Europe avec l'évocation d'un empereur germanique. Cette dernière anecdote est narrée de façon plaisante. Les éléments de départ nous donnent à voir un personnage historique ayant à sa merci un autre personnage historique entouré de ses gens. [...]
[...] Pourtant, il s'agit des femmes, et enfants abandonnés à la boucherie c'est-à-dire des plus faibles, et non des soldats. Le talent descriptif de Montaigne apparaît nettement dans cette longue phrase qui décrit la scène. La longueur de cette phrase évoque la traversée victorieuse du prince anglais, insensible, au milieu des vaincus. L'arrière-plan est occupé par la foule, évoquée par le collectif singulier le peuple contenant lui-même les femmes et enfants Les cris et criants ajoutent la donnée sonore à un tableau dans lequel le pathos n'est pas absent. [...]
[...] L'originalité vient de la façon dont profitent les femmes de la concession accordée par l'assiégeant. La fin de l'épisode est narrée au passé-simple. Les femmes dont dotées de deux qualités ; elles ont le cœur magnanime c'est-à-dire l'âme grande et elles font preuve de réflexion comme l'indique la forme verbale s'avisèrent Montaigne, ici, rend un discret hommage à la gent féminine. Le lecteur peut sourire à l'image que fait naître le texte : comment imaginer ces dames nobles portant sur leurs frêles épaules, mari et enfants, au sortir du château assiégé ? [...]
[...] Ainsi viles et lâches deux adjectifs péjoratifs, laissent supposer que les propositions faites par les assiégés à L'Empereur sont malhonnêtes ou infâmes. L'adverbe seulement indique la restriction de la bonne action faite pas l'assiégeant ; il se conduit en galant homme ou en chevalier en laissant sortir les gentils-femmes terme construit comme gentilshommes, mais qui n'a pas survécu. La restriction se retrouve jusqu'à l'explication même de ces plus douces conditions puisque les femmes ne peuvent partir qu'avec ce qu'elles peuvent emporter. Les conditions du vainqueur sont clairement explicites. [...]
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