Les Essais De Montaigne se présentent sous la forme de trois livres dont deux ont été rédigés entre 1570 et 1580 et le troisième en 1588 et qui sont tous trois repris et annotés jusqu'à la mort de l'auteur en 1592.
L'extrait présenté ici se trouve au coeur du livre III dans le chapitre 9 : "De la vanité", chapitre, essentiellement axé sur Montaigne lui-même. Dans son avertissement au lecteur, l'auteur écrit : « C'est moi que je peins, Je suis moi-même la matière de mon livre. » mais néanmoins son projet est exempt de tout vanité : à travers la peinture de lui-même, c'est celle de la condition humaine qu'il tente de rendre compte.
Dans le cadre d'une étude linéaire nous étudierons la question de la difficile connaissance qu'a l'homme de lui-même (...)
[...] Montaigne procède ensuite à un ajout pour s'opposer à l'idée commune selon laquelle la vieillesse serait source de sagesse il ferait beau être vieil si nous ne marchions que vers l'amendement (l.61). Il illustre ses dires à l'aide de deux métaphores, Tout d'abord c'est un mouvement d'ivrogne, titubant, vertigineux, informe (l.62) le chemin vers la sagesse est donc bien plus hardi qu'il n'y paraît, tout ne paraît être que branle. D'autre part, l'accumulation des adjectifs semble suivre le flux de la pensée de Montaigne. [...]
[...] Montaigne poursuit cette idée à la phrase suivante : donnent quelque prix particulier [ . ] par une petite subtilité ambitieuse On note ici le caractère oxymorique du tronçon de phrase où la petite subtilité revêt un caractère ambitieux. Notons également que toute cette justification quand à l'utilité des ajouts se place elle-même dans une addition tirée de l'exemplaire de Bordeaux et édité après la mort de l'auteur. Montaigne affirme ensuite qu'un tel ordre peut engendrer quelque transposition de chronologie (l.49) : ce troisième livre, publié en 1588 est en effet nourri par les différentes expériences vécues par Montaigne durant ces huit dernières années (dont son élection à la mairie de Bordeaux) puis, avec les ajouts du manuscrit de Bordeaux, des évènements survenus entre 1588 et sa mort (en particulier ses voyages à travers l'Allemagne et l'Italie). [...]
[...] Toutefois l'auteur évoque une toute autre manière de faire dans le chapitre 12 du livre II En mes écrits mêmes, je ne retrouve pas toujours l'air de ma première imagination : je ne sais ce que j'ai voulu dire et je m'échaude souvent à corriger et à y mettre un nouveau sens, pour avoir perdu le premier, qui valait mieux. La volonté de Montaigne de ne jamais corriger ses écrits semble donc s'orchestrer dans la limite de ses capacités mémorielles. Michel de Montaigne tente donc, à travers sa phrase j'ajoute mais je ne corrige pas d'exprimer l'objectif fondamental de ses Essais : peindre un homme avec ses changements, sans remplacer ses anciennes idées par des nouvelles et ce pour deux raisons qu'il va exprimer dans la suite du texte. [...]
[...] Montaigne emploie un qualificatif très vague pour désigner les autres auteurs de telles gens (l.38), ils afin de mieux faire ressortir le contraste entre leur démarche d'écrivain et la sienne. Il se démarque en revendiquant l'originalité et l'unicité de son ouvrage qui s'oppose à la norme avec la phrase : mon livre est toujours un (l.41), il affirme une fois encore que les allongeails et les digressions se placent par continuation de la pensée etn'altèrent pas l'unité générale de l'ouvrage. [...]
[...] la crainte qu'il présente à la ligne 51 est en effet toute personnelle. Toute la seconde partie de l'argumentation de Montaigne joue sur le rythme binaire qu'il utilise pour marquer la dualité de son être qu'il exprime avec précision à la ligne 59 : Moi asteure et moi tantôt sommes bien deux Le rythme binaire se retrouve L : ne va pas toujours avant va à reculons aussi l.55 présentes »passées l.55 nous nous corrigeons »comme nous corrigeons les autres Dans cette deuxième partie, Montaigne pose donc le difficile problème de la multiplicité de l'être : en tentant de se peindre il découvre que ce qui caractérise l'homme est l'inconstance comme il l'avait déjà exprimé au sein de son chapitre De l'inconstance de nos actions : ses idées et ses pensées varient, se contredisent même parfois. [...]
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