Le début de l'essai I, 31 (I, 30) dans l'édition de 1595 de Montaigne Des Cannibales contient les deux thèmes essentiels qui seront développés dans les pages suivantes. On y trouve aussi une question qui sera davantage traitée dans le livre III. Le lecteur peut être désorienté par la digression, mais une étude approfondie montre que si des chemins de traverse sont empruntés, c'est pour cheminer plus sûrement (...)
[...] Montaigne sous- entend que, grâce à ce témoin, il jugera convenablement les Cannibales. III / Cette descouverte d'un païs infini . fin : les erreurs antiques sur le Nouveau-Monde, identifié à l'Atlantide par Platon. Deux axes d'étude sont à retenir : comment fonctionne l'ouverture d'un essai et le problème du jugement et de la connaissance, posé d'entrée de jeu. Quand le Roy Pyrrhus passa en Italie, apres qu'il eut recongneu l'ordonnancea de l'armée que les Romains luy envoyoient au devant : ordonnance = ordre : indique qu'il s'agit d'une strate de 1580-1582. [...]
[...] Mais le lecteur n'est en fait pas si loin de la question des Cannibales. Ces exemples servent à introduire une interrogation fondamentale : Qu'est-ce qu'un barbare interrogation qui fait tout l'intérêt de cet essai. Et cette question renvoie elle-même à une question plus vaste : Que sais-je ? et, surtout, comment puis-je accéder à la connaissance dans un monde où tout n'est que mouvement et où les préjugés empêchent d'accéder à la vérité. Allié à la réflexion, le témoignage oculaire, celui de son serviteur, comme celui des navigateurs est une voie à suivre. [...]
[...] Le préjugé, car c'est lui que Montaigne entend dénoncer dans cet essai, se trouve ainsi démenti. Le barbare, au sens étymologique, est celui qui ne parle pas bien ; il s'oppose au civilisé qui se caractérise, lui, par la maîtrise du langage, qui traduit l'usage de la raison. La parenthèse, qui indique que le préjugé est porté à son degré le plus haut (et Pyrrhus tombe de haut) par les Grecs rend la surprise encore plus grande. La répétition de l'adjectif barbare indique que son emploi est inapproprié. [...]
[...] longueur enjamber . traverserent ont pour fonction d'expliquer l'erreur: si on a pu prendre l'Atlantide pour le Nouveau Monde, c'est parce que l'île (et les territoires qui s'y rattachent) est immense. Les verbes de mouvement enjamber . subjuguer . traverser . engloutir font comprendre que le monde n'est pas stable et qu'il est donc difficile à connaître. mais que, quelque temps apres, et les Atheniens et eux et leur isle furent engloutis par le deluge : chute, brièveté qui s'oppose aux méandres précédents. [...]
[...] Une très longue phrase, à la mesure de l'expansionnisme des habitants de l'Atlantide. La complexité dans la transmission de l'information (opposée à la simplicité de son témoin) suggère qu'elle sera fausse : les prêtres égyptiens ont dit l'existence de l'Atlantide à Solon que relaie Platon, que Montaigne a lu. On trouve le mythe de l'Atlantide dans le Timée (21e-22 a et 24 mais on a pu montrer[5] que Montaigne s'inspire du préambule de l'Histoire du Nouveau Monde de Benzoni. Les détails donnés grande . [...]
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