J'ai choisi de travailler sur une tragédie de Sénèque, Thyeste. Une tragédie qui met en avant deux frères au sein d'une dynastie qui se déchire, et habitée par l'Enfer. Atrée, est habité par un désir extrême de vengeance. Au-delà de cette tragédie familiale, la pièce se place dans un contexte historique propre et le met en avant. Si ces rites et leur transgression sont propres à Rome, il reste cependant quelque chose d'universel, terriblement tragique. Cette façon qu'Atrée a de se jouer de son environnement, du peuple, des Dieux, de l'Histoire et de l'Humanité n'est pas sans rappeler quelques tragédies qui ont hantées le 20e siècle, bien réel celle-ci. Il transgresse consciemment et animé d'une profonde haine.
Aussi afin de comprendre l'enjeu posé par ce texte. Les quelques fulgurances philosophiques de Sénèque. L'utilisation du corps, son rapport avec le mythe, le tragique et l'horreur. C'est par le corps que l'on transgresse que l'horreur est amenée. La souffrance est autant psychique que morale pour Atrée comme pour Thyeste. Aussi on ne peut s'empêcher de penser au Mélodrame. Pas celui des boulevards, mais celui du grand cinéma des années 50, héritées d'une tradition littéraire. Notamment dans ces codes dramatiques : Accumulation de péripétie, un personnage martyr, un personnage qui persécute, un rapport à la providence et la souffrance intérieure des personnages extériorisés. Au fond le schéma dramatique peut s'avérer classique. Il prend toute sa puissance dans les mots de ses personnages. La puissance universelle de ses crimes et de leur rapport à l'Autre.
La fin figée, absolument symétrique, et qui ne se prête à aucune sorte de moral, du moins pas de la part de Sénèque. Florence Dupont suggère que ces crimes se passent de jugements tant ils sont monstrueux. Parce qu'ils échappent au droit, et pour ne pas l'accepter comme un acte humain.
Un autre enjeu de ce théâtre serait bien évidemment de faire voir l'invisible. Ce rapport est intrigant, surtout pour nous ayant l'habitude de tout voir. De rompre la distance entre le symbole et le réel, donc de violer une distance qui rend la violence. Pourquoi ? Parce qu'elle est réelle. Les Romains semblent entretenir ce symbolique, du moins cet invisible.
[...] Il sombre dans ses pulsions sensibles, mais n'use pas de vengeance furieuse. Atrée en revanche, en commettant un infanticide attente à l'Humanité. Cependant, Thyeste fait partie de cette dynastie, hanté par le crime de Tantale, par l'Enfer, la trahison, le crime, et la gouvernance dont la force est une valeur. Le Chœur II, indique une vision du pouvoir très platonicienne. C'est-à-dire le sage au pouvoir, le philosophe-Roi. Un Roi intouchable, indépendant du monde sensible, de ses pulsions, du désir, évaluant dans le monde des Idées, sans penser à la puissance, mais plutôt à la vertu de ses pensées. [...]
[...] Comment raconter quelque chose dont la cruauté dépasse le langage ? Sénèque parvient à stimuler l'imagination d'une telle horreur, par le texte, le sensible et par l'idée que peut engendrer une telle scène. Par des métaphores, le bouleversement du messager, par le recul du cœur qui agit comme la parole des Dieux, demandant scrupuleusement les détails afin de bouleverser le spectateur de l'horreur du crime d'Atrée tuant les deux enfants de Thyeste. III. De l'inhumain pour penser l'humain : Philosophie, rituel et codes monstrueux Un théâtre spectaculaire La société romaine, comme nous l'avons étudiée porte les caractéristiques d'une société du divertissement. [...]
[...] Florence Dupont, Les monstres de Sénèque. Pour une dramaturgie de la tragédie romaine. Paris, Belin l'antiquité au présent pp.242-243 Le but serait donc de donner des images au spectateur, par exemple avec le récit du messager. Même si elle appelle l'imaginaire, on fait appel au visible. Atrée le monstrueux Atrée commet un crime d'hybris: il transgresse les principes de base de la société, et commet un crime démesuré. C'est-à-dire le cannibalisme, l'infanticide, la dislocation des liens du sang. Il va au-delà de la nature humaine, devient un monstre, car il porte atteinte à l'Humanité en transgressant ces règles, en allant à l'encontre de la nature des hommes. [...]
[...] Pour les romains c'est le pire de tous les contacts avec la mort. La fureur d'Atrée n'est donc pas pathologique, elle est censée. Il pervertit le rituel à des moments qui font sens, et cherche à rendre les Dieux eux même anthropophages en leur faisant partager malgré eux le banquet cannibale. Il ruine le concept de paix avec les Dieux et tend à définir une nouvelle Humanité, une nouvelle frontière. Par ce geste il ruine la relation entre les Dieux et les hommes, c'est un anti- sacrifice, car il fait l'exact inverse des sacrifices fait dans les règles. [...]
[...] Thyeste s'avance sans méfiance dans un gouffre, alors même que la nature se déchaine (le soleil s'est retiré), il avance inlassablement vers son châtiment, celui de l'Enfer voulu par Atrée. Le spectateur est horrifié, tant son désir de lui crier gare est immense. L'effet est spectaculaire. II. Un monstre dont la vengeance n'a aucune limite. Etude de la figue d'Atrée : le monstre mythologique La ruse en étant tempéré Le furor, ici Atrée, fait semblant de calmer la colère qu'il éprouve pour son frère Thyeste. Il utilise donc la ruse afin d'influencer son ennemi. Il fait semblant de se calmer pour mieux tromper Thyeste. [...]
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