William Shakespeare, Romeo et Juliette, Arnolphe, lyrisme amoureux, dépit amoureux
Le monologue a toujours été une manière essentielle pour Rodrigue, Roméo, Iphigénie et autres personnages de tragédie d'exprimer l'ampleur de leur malheur. Mais alors pourquoi Arnolphe, personnage comique userait-il de ce type d'énoncé ? Lorsqu'il entame son monologue, Arnolphe vient de recevoir la visite d'Horace. Celui-ci lui apprend que sa pupille Agnès, qu'Arnolphe avait séquestrée dans une chambre de la maison, a introduit Horace dans sa chambre et l'a caché dans l'armoire en entendant arriver son maître. De plus, avant de s'en aller, Horace confie à Arnolphe qu'il projette de revoir Agnès et de l'enlever. Resté seul dans la pièce, le vieux barbon désespère. Dans ce monologue, en quoi Arnolphe apparaît-il comme un personnage à la fois comique et tragique aux yeux du spectateur ?
[...] Pourtant dans ce monologue, Arnolphe n'est pas que sujet à rire. Le monologue est un moyen utilisé par les personnages tragiques pour exprimer de la forme la plus dramatique le fond de leurs pensées et de leur cœur. Ici, Arnolphe exprime sa souffrance et sa frustration à la manière d'un personnage tragique. Le champ lexical de la souffrance et du désespoir sont très présents « désespérer » (v.1182), « disgrâces » (v.1192) ou encore « tristesse » (v.1212). Ce lexique souligne le dépit amoureux d'Arnolphe : il aime Agnès mais elle en aime un autre. [...]
[...] Mais alors pourquoi Arnolphe, personnage comique userait-il de ce type d'énoncé ? Lorsqu'il entame son monologue, Arnolphe vient de recevoir la visite d'Horace. Celui-ci lui apprend que sa pupille Agnès, qu'Arnolphe avait séquestrée dans une chambre de la maison, a introduit Horace dans sa chambre et l'a caché dans l'armoire en entendant arriver son maître. De plus, avant de s'en aller, Horace confie à Arnolphe qu'il projette de revoir Agnès et de l'enlever. Resté seul dans la pièce, le vieux barbon désespère. [...]
[...] La confrontation du comique et du tragique dans le personnage d'Arnolphe rend cet anti-héros pathétique aux yeux du public. Ce brouillage entre le registre tragique et le registre comique pourrait traduire une tentative de Molière de mêler son registre de prédilection, la comédie, et le registre qu'il avait toujours rêvé de pratiquer, la tragédie. Finalement, dans ce monologue, Arnolphe touche au tragique par la complexité de son personnage, ce qui présage pour lui comme pour tout protagoniste d'une tragédie, qu'il va être rattrapé par son destin dans les scènes suivantes. [...]
[...] Ce quiproquo fait rire puisque Arnolphe puni de sa méchanceté est contraint au silence, incapable de répondre au jeune homme au risque de révéler son identité et de perdre tout contrôle sur les projets d'Horace dont il est le confident. Ce monologue est aussi comique à cause du ridicule avec lequel est présenté le personnage d'Arnolphe. En effet, Arnolphe associe des expressions qui inspirent le respect, la dignité et la sagesse comme v.1197 « l'humaine politique », v.1200 « les lumières », à une vulgaire situation de cocuage. [...]
[...] Arnolphe vient d'apprendre par Horace qu'Agnès, la pupille qu'il avait élevé dans l'ingénuité, a invité le damoiseau dans sa chambre et l'a caché dans l'armoire en entendant Arnolphe arriver. Dans ce monologue, Arnolphe décrit cette situation très comique aux yeux du spectateur. Tout d'abord, le comique se trouve dans l'aspect farcesque de la situation qui est présent à plusieurs niveaux. Un schéma classique de farce se forme avec le trio du mari, de la femme, et de l'amant, Arnolphe tenant le rôle du mari jaloux. [...]
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