Pour Aristote, l'une des caractéristiques fondamentales de la tragédie grecque
est la catharsis, c'est‐à‐dire la purgation des passions.
Ajax, pièce écrite par Sophocle entre 450 et 440 avant J.‐C, en est la preuve : il suffit de lire le monologue des vers 815 à 865 pour se rendre compte que la pièce est un grand moment de fureur et d'effervescence. Dans ce monologue, Ajax, fils de
Télaman (roi de Salamine) et héros de la guerre de Troie, annonce son suicide. La remise en contexte donne sens à ce choix : la mort d'Achille fait éclater une querelle entre Ulysse et Ajax qui se disputent l'armure du héros. C'est à Ulysse qu'est remis cet
objet et Ajax est alors épris d'une colère soudaine qui le jete dans la folie : il se met à tuer un troupeau de moutons, l'ayant confondu avec une horde d'ennemis. Accablé de honte, il compte se tuer dignement pour se racheter auprès de sa famille. Son
monologue, qui précède son suicide, constitue le point culminant de la pièce :
l'exaltation est à son apogée. Celui qu'on surnomme 'Ajax le grand', ou que l'on décrit comme 'un guerrier achéen, noble et grand, qui dépasse les Argiens de la tête et de ses nobles épaules' (II, III, 226‐227), prononce ses dernières paroles avant de
se donner la mort. L'extrait met en scène la chute tragique d'un modèle homérique qui préfère périr noblement plutôt que faire tourment à son père. Tout concorde pour donner à ce passage son allure de 'texte tragique', si bien que son analyse se
révèle intéressante.
[...] En décidant de mourir dignement, Ajax retrouve sa gloire et son éclat. Pour symboliser la restitution de sa notoriété, on pourrait par exemple diffuser une bande son laissant entendre une horde de guerriers qui scanderait son nom en même temps d'attaquer l'ennemi . Le choc entre la détermination d'Ajax et l'appréhension que la mort suscite en lui est discernable dans ce texte. Il apparaît clair que le personnage se rapproche de sa mort. Les verbes d'actions sont conjugués au futur dans les premiers vers, laissant présager peut‐être une lueur d'espoir, mais la fin ne laisse pas cette chance à Ajax puisque le temps du présent rompt la perspective d'un avenir fleurissant ; ‘'je meurs'' . [...]
[...] Dans ce monologue, Ajax, fils de Télaman (roi de Salamine) et héros de la guerre de Troie, annonce son suicide. La remise en contexte donne sens à ce choix : la mort d'Achille fait éclater une querelle entre Ulysse et Ajax qui se disputent l'armure du héro. C'est à Ulysse qu'est remis cet objet et Ajax est alors épris d'une colère soudaine qui le jete dans la folie : il se met à tuer un troupeau de moutons, l'ayant confondu avec une horde d'ennemis. [...]
[...] Ceci plonge le personnage au cœur du dilemme moral : nous sommes donc bien au point culminant de la pièce. Le suspens est à son comble, le lecteur retient son souffle, et tout ceci se doit d'être sublimé par une mise en scène qui rendra compte avec encore plus de fermeté de toute la richesse du texte, et des tensions qui en émanent : la détermination et la peur, la vie et la mort, la honte et la gloire. [...]
[...] Le début du passage rend bien compte de la détermination d'Ajax qui prépare soigneusement son suicide. Des verbes d'action comme ‘'préparé'', ‘'calculé'', ‘'placé'', ‘'je vais mettre'', soulignent sa ferme volonté. Rien ne semble pouvoir l'arrêter à commettre cet acte irréparable. Il a même calculé l'angle de l'inclination de l'épée pour réussir son coup : ‘'j'ai placé la lame sous le meilleur des angles''. Cette détermination doit être mimée par l'acteur par une guestuelle rigoureuse. Il faut bannir tout geste languissant, et priviligier une géométrie ‘'dure'' des mouvements . [...]
[...] En effet, après avoir sombré dans la folie en tuant tout un troupeau de moutons, il se voit pris dans l'embarra par la honte, sentiment des plus ravageurs pour un héros de la guerre de Troie, et n'ose imaginer le chagrin de son père en découvrant sa bêtise : ‘'Quel spectacle offrirai‐je ainsi à mon père Télamon ?'' s'intérroge au vers 462. La mise en scène se doit de rendre concret la honte qui accable Ajax par une représentation méticulleuse. On dit souvent ‘'l'habit ne fait pas le moine'', mais ce n'est pas le cas au . théâtre, et encore moins dans les tragédies puisque l'habit rend compte du statut d'un personnage. Pourquoi ne pas découvrir Ajax de ce qui faisait la grandeur de son personnage au moment ou il prononce son discours ? [...]
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