Voltaire est un écrivain du XVIIIe siècle, un philosophe des lumières ayant participé à l'Encyclopédie. C'est un homme engagé, de combat, dont l'arme favorite est la satire et l'ironie. Chacune de ses publications lui attira les foudres de la censure, parfois la bastonnade, la Bastille très souvent, et il a dû s'exiler en Angleterre en 1726.
En 1734, il se réfugia chez Mme de Châtelet, sa maîtresse, vivant non loin de la frontière de Lorraine. Là il écrivit beaucoup, entre autres le poème quelque peu épicurien intitulé Le Mondain, qui parut en 1736. C'est un poème écrit en vers, uniquement en octosyllabes, dans lequel Voltaire met en avant une idée assez provocatrice du bonheur. Il craignait beaucoup d'être poursuivi pour ce texte qui a effectivement fait scandale, mais quelle conception du bonheur s'en dégage ?
[...] De plus il se présente comme un véritable suppôt de Satan et reste très ironique grâce au choix de ses exemples, ses antiphrases, etc. Il refuse la nostalgie du paradis perdu. En somme, on pourra rapprocher ce texte du Neveu de Rameau, écrit par Diderot en 1777, dans le sens où ils évoquent tous deux les plaisirs des sens, les plaisirs corporels, comme liés à un certain bonheur, et où les protagonistes ne s'en cachent pas. Le philosophe du Neveu de Rameau apparaît comme un homme voluptueux, de même que Voltaire lui-même dans Le Mondain. [...]
[...] Aussi, au XVIIIe siècle, l'Orient fait rêver et est donc synonyme de bonheur. En utilisant le Gange, il cherche donc à connoter ce sentiment. Mais il fait aussi l'éloge du commerce en le périphrasant avec un adjectif mélioratif et un nom : heureux échange (v.26). Le commerce est lié à une idée de Paix, que Voltaire apprécie également puisqu'il utilise le verbe a réunit [l'un et l'autre hémisphère] Cette paix, cette harmonie entre les deux hémisphères n'arrive qu'après la victoire des chrétiens contre les musulmans et c'est ce que Voltaire cherche à faire passer dans l'expression vainqueur des musulmans II Au XVIIIe siècle, ce poème a fait scandale. [...]
[...] Ils n'avaient rien ; / Ils étaient nus (v.33-34) etc. Il ne les trouve pas formidables et constate puis démonte leurs marques de perfection. Par exemple Eve qui est généralement la tentatrice, à un triste gosier tel un animal, où le vin ne gratta point (v.39). Ce verbe gratter le nom gosier et l'adjectif triste montrent le côté péjoratif des propos de Voltaire. De plus, il dit qu'il ne regrettera pas ce bon vieux temps ce qui est encore une fois péjoratif, et il refuse donc la nostalgie du paradis perdu en en profitant pour le critiquer. [...]
[...] Ensuite, Voltaire se fait passer pour un véritable suppôt de Satan. Il parle des plaisirs corporels, considérés comme des démons et contraires aux bonnes moeurs. Aussi, il fait preuve d'autodérision en écrivant il est bien doux pour mon coeur très immonde (au v.13) où immonde peut à la fois signifier impur selon la loi religieuse, ou bien un esprit immonde qui serait alors la périphrase pour le Démon. En se présentant en temps que tel, il fait preuve de beaucoup d'ironie et dit même que c'est doux Enfin, on peut aussi noter que Voltaire étant déiste, c'est-à-dire croyant en un Dieu créateur mais refusant les dogmes, démonte les mythes chrétiens un à un. [...]
[...] Enfin, le luxe, source de plaisir pour Voltaire, est aussi lié au développement des métiers, au travail. On peut s'en rendre compte avec le nom industrie (du v.42), et les noms soie et or (du v.40) qui sont des richesses luxueuses connues grâce à l'artisanat. Nous savons que Voltaire encourageait l'agriculture et l'artisanat, et que le travail, pour lui, était essentiel, bien que cela puisse relever d'un paradoxe puisque travail signifie, étymologiquement parlant, instrument de torture Ici, il prouve une fois de plus que le travail conduit au bonheur. [...]
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