Vous pourrez montrer comment Verlaine, à la recherche de la femme d'élection et de l'amour libérateur, compose un chant tout en ferveur extatique et en confidence mélancolique (...)
[...] aucune individualité (v. un portrait très flou (v. 9). Remarquer la platitude des questions, en opposition avec la poésie de l'ensemble, platitude mettant en valeur leur caractère dérisoire. femme à la fois proche et lointaine (v. 11-14) : proche (calme, inflexion) ; lointaine (statues, tues) Une union de rêve. Vrai rêve ? ou vœu du poète ? Les deux hypothèses ont plausibles (v. [...]
[...] partie Un amour très particulier Amour tourné entièrement vers soi, non vers l'autre. quatrain : "que j'aime", puis 3 fois "qui" (qui m'aime, en fin de vers). Besoin d'être aimé plus que d'aimer. Aucun besoin de sortir de soi pour protéger, entourer l'autre, seulement besoin de rester en soi quatrain), d'être compris. Communion et abandon. "Etre compris", ce qui semble essentiel pour Verlaine, une communion parfaite que peut réaliser le couple humain (voir place du mot). Par cette communion-plénitude à laquelle Verlaine s'abandonne avec complaisance dans les deux quatrains (voir les reprises et le rythme). [...]
[...] C'est le sens sans doute de la double allusion à la mort v. 14) . et il semble que Verlaine joue sans cesse sur les deux plans, d'où la mélancolie qui imprègne le poème. Cette femme aimée . évoque irrésistiblement la mort, "fiancée" de Verlaine, solution à ses problèmes. Conclusion Grande beauté du poème. C'est bien tout Verlaine qui se révèle ici : l'homme inquiet, sensible aux moindres émotions, qui arrive à les communiquer telles qu'elles sont senties, confuses, menues, impalpables. [...]
[...] L'expression "elle seule" est reprise trois fois en position d'anaphore. Cette femme demeure très mystérieuse. Créature de rêve, elle est "inconnue". Son portrait physique est très imprécis : "Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l'ignore." Le prosaïsme de la formulation tant pour la question que la réponse, la sécheresse de cette réponse bien isolée par le tiret stigmatisent comme quelque peu triviale l'interrogation elle-même ; c'est que Verlaine ne cherche pas un corps, il cherche une âme. Mais le mystère de cette femme provient surtout du fait qu'elle est simultanément proche et lointaine ; proche, par sa voix "calme", "l'inflexion des voix chères", par son nom qui est "doux" ; lointaine, car son nom est aussi "sonore", sa voix est "grave", et, plus important, cette femme fait penser à la mort de "ceux des aimés que la vie exila", "voix qui se sont tues" ; l'idée de mort, bien qu'atténuée par les périphrases, semble éloigner définitivement l'aimée, ou du moins la rendre presque inaccessible. [...]
[...] Aimer, être aimé ne semble guère possible que dans un autre monde ; la femme d'élection n'est-elle pas pour Verlaine d'une certaine façon, la mort elle-même ? Conclusion C'est toute la poésie de Verlaine que l'on découvre ici, poésie de l'ambiguïté et de l'insaisissable : un rêve, mais aussi une rêverie ; une femme connue, proche, mais aussi inconnue et lointaine ; une mélancolie ancrée dans les racines mêmes de l'être, mais aussi une extase intérieure goûtée avec volupté. De ce point de vue, le poème est une réussite proche de la perfection. [...]
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