Mon rêve familier est le sixième poème de la première section du recueil, Melancholia, section uniquement composée de sonnets, même si dans le cas de Résignation (le premier des huit poèmes), il s'agit d'une forme inversée (les tercets précédent les quatrains). Verlaine y exprime une impassibilité parnassienne et une sensibilité nostalgique caractéristique de ceux qui sont nés sous l'égide de Saturne. Conformément aux règles du sonnet marotique, les thèmes abordés dans ce poème s'arrêtent à la rupture conventionnelle entre quatrains et tercets. Ainsi, en s'impliquant fortement, Verlaine réalise d'abord la peinture d'un amour réciproque et absolu avant de faire le portrait d'une femme fantasmée dans les tercets (...)
[...] Il est celui qui a lancé la notion de poètes maudits Poèmes saturniens est son premier recueil de poèmes, publié en 1866 et fortement imprégné de son amour rejeté pour sa cousine Elisa Moncomble. La logique du recueil obéit en partie à une rhétorique du livre qui porte la marque de l'époque de sa composition, avec notamment la division en sections qui le rapproche évidemment du recueil de Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal. Si Verlaine convoque Saturne, c'est en temps que planète tutélaire des mélancoliques, bien que le mot même de mélancolie n'apparaisse pas dans le poème (il donne toutefois son nom à la première section du recueil), non plus que le mot spleen trop évidemment associé à son emploi baudelairien. [...]
[...] et qui (vers ni tout à fait . ni tout à fait (vers me comprend (vers Pour elle seule (vers 6-7). II- Une vision idéalisée de la femme : les tercets Un portrait flou Jusqu'à présent, la seule certitude concernant cette femme est son amour pour le locuteur. Les tercets vont y ajouter le flou de son portrait : il ne s'agit pas d'une femme en particulier, mais de la femme en général, suggérant que Verlaine n'a pas trouvé dans sa vie la femme qu'il cherche. [...]
[...] La femme est alors identifiée à une revenante, qui serait là, non pour tourmenter le poète mais, pour le soulager de ses maux. Cette conclusion est renforcée par le rythme et notamment la diérèse sur i-on et la répartition des mesures suivant une symétrie inversée : L'inflexion des voix chères qui se sont tues (vers 14). Conclusion Sous une apparence classique, ce sonnet est profondément novateur, notamment avec ses coupes expressives et son rythme lent et répétitif. Verlaine y rend compte de la dure condition du poète meurtri par son hypersensibilité et parle de lui-même. [...]
[...] Ainsi, en s'impliquant fortement, Verlaine réalise d'abord la peinture d'un amour réciproque et absolu avant de faire le portrait d'une femme fantasmée dans les tercets. Un amour souverain et réciproque : les quatrains L'implication de l'auteur Les quatrains foisonnent de marques de l'implication de l'auteur dans cet amour absolu : - l'emploi de la première personne du singulier Le je (vers ) de l'auteur s'oppose ainsi au elle (vers ) qui introduit le récit du rêve. En ayant recours à cette première personne du singulier, Verlaine rappelle le mal-être chanté par les romantiques et suggère au lecteur que seul un être idéal peut déchiffrer son cœur. [...]
[...] cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Mon rêve familier. [...]
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