Amorcé dès 1664, Le Misanthrope est représenté en 1666, alors que Molière a vu son Tartuffe interdit en 1664 et qu'il est toujours aux prises avec les dévots puisqu'il a retiré Dom Juan de l'affiche seulement après quelques représentations en 1665. Il semble que Le Misanthrope marque une pause dans le conflit qui l'oppose aux dévots. La pièce, et plus particulièrement le passage étudié, mettent en effet en scène les personnages types de la vie mondaine du XVIIe siècle. Si Alceste est, dans sa sincérité paroxystique, un contrepoint comique au caractère superficiel des mondains, ceux-ci constituent une galerie représentative et caricaturale des habitués des salons.
[...] Le talent de Célimène correspond absolument aux impératifs des salons. À partir d'une observation sans complaisance, il s'agit de mettre en œuvre les ressources de l'esprit afin de plaire. CONCLUSION Ce passage est doublement révélateur. Il traduit l'intérêt du XVIIe siècle pour l'étude des caractères et l'art du portrait, que l'on trouve également chez La Bruyère par exemple. Mais si le grossissement du trait a chez les moralistes pour fonction de corriger l'homme, il n'a pas la même fonction dans les salons, où doit régner le bel esprit et où ennuyer constitue un défaut intolérable. [...]
[...] Par ce procédé le locuteur grossit encore le portrait, ce que précise le sens des verbes. L'amplification des sens Cette absence de nuances se marque également dans le choix du lexique et particulièrement des verbes, ainsi que dans l'emploi des pronoms. Les verbes sont sans nuances. Plusieurs sont des verbes d'action à sens fort : jette, est . affairé, se mêle, entête, souffre, Fait mourir L'utilisation du langage familier ou populaire domine : débite, assomme, suer, Traîne, bâille, grouille, pester Par l'emploi de ces verbes, le trait est grossi ; ce qui fait que ces portraits sont plutôt des caricatures. [...]
[...] Une des activités principales des salons, l'art de la conversation, et un des thèmes favoris, l'observation des caractères sont également révélateurs d'une vie mondaine qui fait une grande part aux qualités intellectuelles. Ainsi cet extrait constitue une pause dans la progression dramatique dans la mesure où elle présente d'abord les cadres de la vie mondaine. Mais elle permet aussi, en évoquant le milieu brillant clans lequel la jeune femme évolue, de mieux comprendre les réactions de Célimène face à l'austérité d'Alceste. [...]
[...] Il semble que Le Misanthrope marque une pause dans le conflit qui l'oppose aux dévots. La pièce, et plus particulièrement le passage étudié, mettent en effet en scène les personnages types de la vie mondaine du XVIIe siècle. Si Alceste est, dans sa sincérité paroxystique, un contrepoint comique au caractère superficiel des mondains, ceux-ci constituent une galerie représentative et caricaturale des habitués des salons. L'action du Misanthrope se déroule chez Célimène, jeune femme veuve que sa fortune laisse libre et qui reçoit chez elle marquis et beaux esprits. [...]
[...] CÉLIMÈNE Le pauvre esprit de femme, et le sec entretien! Lorsqu'elle vient me voir, je souffre le martyre: Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire, Et la stérilité de son expression Fait mourir à tous coups la conversation. En vain, pour attaquer son stupide silence, De tous les lieux communs vous prenez l'assistance: Le beau temps et la pluie, et le froid et le chaud Sont des fonds qu'avec elle on épuise bientôt. Cependant sa visite, assez insupportable, Traîne en une longueur encore épouvantable; Et l'on demande l'heure, et l'on bâille vingt fois, Qu'elle s'émeut autant qu'une pièce de bois. [...]
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