Le Misanthrope ou l'Atrabilaire amoureux est une pièce de théâtre écrite par Molière et jouée pour la première fois le 4 juin 1666 au Théâtre du Palais-Royal, à Paris. Elle se compose de plus de 1800 alexandrins répartis en cinq actes et vingt deux scènes. Cette comédie, fort de son succès, sera interprétée près de trois cent fois jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, en septembre 1715. Molière y joue lui-même le rôle du protagoniste éponyme : Alceste. Ce personnage est, comme le titre de l'oeuvre l'indique, un misanthrope. Vivant dans le milieu de l'aristocratie ou hypocrisie et couardise règnent, Alceste n'est pas en accord avec la société de son temps. Ironie du sort : Alceste est amoureux de Célimène, une jeune coquette séductrice, distinguée et spirituelle. Elle ne vit que dans sa mondanéité, alors qu'Alceste rêve de s'isoler pour fuir l'humanité toute entière. L'extrait étudié est un passage de la troisième scène de l'acte IV (...)
[...] Les deux personnages ne sont pas en accord, et cela se répercute sur la forme du dialogue. Ce faux dialogue met en évidence, comme lors de leur première rencontre dans la pièce, l'incompatibilité amoureuse de Célimène et d'Alceste. D'une part, c'est donc le dialogue en lui-même qui met en évidence l'opposition entre Alceste et Célimène. D'un coté, les tirades d'Alceste sont marquées par un ton violant, à l'aide de plusieurs procédés comme les exclamations Ciel ! (v. 1371), c'est moi qu'on querelle ! (v. 1374), ce fatal amour né de vos traîtres yeux ! (v. [...]
[...] D'un juste courroux je suis ému contre elle (v. 1373). Cela donne l'impression qu'Alceste s'adresse aux spectateurs, tellement la fatalité de son amour le répugne. Alceste et Célimène utilisent tous deux beaucoup de questions rhétoriques, entrainant l'absence de réponse de l'autre personnage : Et jamais cœur fut-il de la sorte traité ? (v. 1372), Contre tous vos soupçons ne prend pas ma défense ? (v. 1398). Les tirades manquent de liens logiques pour les unir, rendant le dialogue faux Ce manque d'organisation dans le dialogue illustre le manque de réparti de Célimène face aux accusations d'Alceste. [...]
[...] Enfin, les questions rhétoriques montrent et 1372) supposent une réponse déjà connue et probablement négative, montrant le désespoir d'Alceste. Deuxièmement, même si Alceste porte les marques du héros tragique, cela ne lui empêche pas de porter celles du personnage comique. En effet et comme évoqué précédemment, Alceste est un personnage excessif et il débat dans cette scène avec démesure. Son vocabulaire est exagéré et il emploi plusieurs hyperboles tout le long de sa tirade. Il utilise fréquemment les adverbes jamais et tout Il ne réussit pas à appliquer ce que sa conscience lui ordonne et se fait manipulé sentimentalement par Célimène, ce qui lui donne un coté faible et lâche, en contradiction avec son côté tragique. [...]
[...] Pour conclure, on retiendra que cette scène renforce les idées reçues sur l'incompatibilité amoureuse entre Alceste et Célimène lors de leurs premières rencontres. Les personnages sont trop opposés, que ce soit sur le plan émotionnel ou caractériel. Seulement Molière introduit une nouvelle facette dans le personnage d'Alceste, celle du héros tragique, Elle donne au personnage éponyme, et par conséquent à la pièce elle-même, une ambigüité jamais vue dans la littérature française auparavant. On peut donc se demander de quel genre théâtral fait partie cette pièce. Le misanthrope : comédie ou tragédie ? [...]
[...] Il en ressort deux champs lexicaux, celui de l'amour, de la passion : cœur (v. 1372), fatal amour (v. 1384), amour (v. 1392), cœur (v. 1395), tendresse (v. 1388), et celui de la justice : juste (v. 1373), coupable (v. 1407), crime (v. 1385), innocent (v. 1387). Le côté de la justice désigne Célimène comme coupable, alors que celui de l'amour la désigne comme amante. Alceste est une victime impuissante de l'amour de Célimène, d'où le vocabulaire de la douleur et de la cruauté : douleur (v. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture