Ce texte se présente sous la forme d'un monologue intérieur, technique littéraire censée exprimer le cheminement désordonné de la pensée intime d'un personnage d'un point de vue intérieur. Le lecteur est ainsi installé dans la pensée du personnage. Ainsi dans cette scène, seul Arnolphe est présent. Il fait ici le résumé des épisodes. Arnolphe se sent trahi par ceux qu'il nomme le godelureau et la traîtresse. Ces nominations résultent d'un désordre et d'une contradiction intérieure. Arnolphe est partagé entre colère et amour, il éprouve de forts sentiments pour Agnès mais reste frustré et trompé par le comportement de sa bien-aimée (...)
[...] Il porte en particulier un regard critique sur les mariages arrangés, la prétention des bourgeois enrichis, et le mensonge des médecins ignorants. Avec la parution en 1662 de l'Ecole des femmes, Molière dénonce ainsi les abus du pouvoir masculin par le biais du personnage d'Arnolphe et va le tourner en ridicule. En effet pour Arnolphe le mariage est tout sauf une histoire d'amour. C'est un engagement inégal, où la femme doit être soumise et respectueuse. C'est donc à partir de ce personnage que Molière va construire cette comédie tout en soulignant les failles de la société. [...]
[...] En effet à travers l'interjection "quoi!" Arnolphe ressent le besoin de réagir. Il fait dans un premier temps la liste de tout ce qu'il a effectué jusqu'ici, on peut noter le passage "quoi ! J'aurai dirigé son éducation avec tant de tendresse et de précaution!" puis il va imaginer ce qu'il aurait accompli avec Agnès, on relève alors "je l'aurai fait passer chez moi dès son enfance et j'en aurai chéri la plus tendre espérance, mon cœur aura bâti sur des attraits naissants et cru la mitonner pour moi durant treize ans". [...]
[...] Cette opposition repose d'autant plus sur l'emploi des termes qualifiant le comportement d'Agnès. En effet celle-ci apparaît comme "tranquille", on note également "on dirait à la voir qu'elle n'y touche pas" ou encore "de tout ce qu'elle a fait elle n'est point émue", tandis qu'Arnolphe dit s'échauffer, et se sent désespéré. Les personnages s'opposent donc également dans leurs attitudes. Enfin après s'être apitoyer sur son sort, Arnolphe prend conscience qu'il doit se secouer, il va peu à peu reprendre ses esprits dans le but d'analyser, et va ainsi lier un rapport entre le passé et l'avenir. [...]
[...] En effet l'argumentation d'Arnolphe apparaît comme étriquée. Un personnage de tragédie, subirait son destin en se révoltant, se montrerait scandalisé et accepterai avec peine la tournure des événements. Arnolphe, bien au contraire semble à certains passages n'éprouver aucun chagrin. Cette probable indifférence nous amène même à se demander s'il perçoit de réels sentiments pour Agnès. En effet celui-ci s'attarde sur quelques détails qui nous laissent penser qu'il essaye plus de rehausser son honneur d'homme plutôt que de se consoler d'une nouvelle responsable de sa désolation. [...]
[...] Il ira même jusqu'à s'inventer Horace comme interlocuteur. Nous pouvons noter "Petit, sot, mon ami, vous aurez beau tourner" c'est ainsi qu'il lui adresse toute la fin de son monologue et le met en garde, on relève en effet "vous aurez tourné : ou j'y perdrai mes peines, ou je rendrai, ma foi, vos espérances vaines, et de moi tout à fait vous ne vous rirez point." Après avoir analysé le monologue expression d'un désordre intérieur et un personnage tourné en ridicule dans un but satirique, nous pouvons à présent constater que l'auteur parvient à mêler registre comique et tragique, en apparence pourtant contradictoires. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture