Cette scène d'exposition est sur le point de s'achever et déjà, par le biais d'un court dialogue, Molière a esquissé les grandes lignes de l'action : on a appris que Don Juan vient d'abandonner, après l'avoir enlevée d'un couvent et épousée, Done Elvire dont Gusman est le valet. Sganarelle ôte à ce dernier tout espoir que son maître revienne à Elvire. Gusman accepte difficilement ces révélations mais son interlocuteur s'empresse de le détromper en brossant, à sa manière, un portrait du « grand seigneur méchant homme » qui nous renseigne autant sur le maître que sur le valet.
C'est à cette occasion que nous allons découvrir le caractère du héros ainsi que celui de son valet. (...)
[...] Le portrait de Don Juan : Afin d'expliquer à Gusman, mais aussi au spectateur, la conduite scandaleuse de son maître, Sganarelle va en croquer un portrait peu flatteur. Cette peinture est une éthopée, c'est-à-dire une description du personnage par ses seules caractéristiques morales. En dépit de son apparence décousue, ce portrait obéit à un ordre discrètement dessiné. Nous allons voir que Don Juan apparaît sous trois aspects essentiels : l'impie, le débauché, le grand seigneur. [...]
[...] Le crédule et le poltron : La crédulité et la couardise sont les traits caractéristiques de ce personnage. Le côté crédule de Sganarelle se voit d'abord dans le fait qu'il place au même plan la foi religieuse et la croyance populaire en affirmant que son maître ne croit ni Ciel, ni enfer, ni loup-garou Les reproches qu'il fait à l'égard du libertin montre son attachement à la religion catholique cependant il se révèle peu crédible en accumulant sans discernement les ennemis du christianisme tels : un enragé, un chien, un diable, un Turc, un hérétique Il montre aussi sa peur des châtiments divins en évoquant la possibilité, pour Don Juan, de subir le courroux du ciel Cette crédulité se double aussi d'un autre défaut : la couardise. [...]
[...] Sganarelle, en effet, commence par jouer l'homme instruit, il cherche à imiter son maître en utilisant un langage pédant inter nos et veut briller auprès de Gusman en appuyant ses dires sur des références culturelles pourceau d'Epicure - il s'agit d'une expression extraite des Epîtres d'Horace qui désigne quelqu'un qui trahit l'enseignement rigoureux du philosophe Epicure et qui s'adonne sans retenue aux plaisirs physiques - ; vrai Sardanapale Sganarelle ne se rend même pas compte de son ridicule lorsqu'il compare le portrait qu'il a fait de son maître à l'œuvre d'un peintre : ce n'est là qu'une ébauche du personnage, affirme-t-il, et, pour en achever le portrait, il faudrait bien d'autres coups de pinceau Sganarelle, bien qu'il tente de faire croire le contraire à Gusman, est bien un homme du peuple et une bonne partie de son langage reste populaire. Il en va ainsi de l'utilisation du mot pèlerin qui désigne ici un homme fort peu recommandable. [...]
[...] Lecture méthodique : Don Juan de Molière Acte scène 1 : Le portrait d'un libertin Je n'ai pas grand peine à le comprendre, moi [ ] je dirais hautement que tu aurais menti Cette scène d'exposition est sur le point de s'achever et déjà, par le biais d'un court dialogue, Molière a esquissé les grandes lignes de l'action : on a appris que Don Juan vient d'abandonner, après l'avoir enlevée d'un couvent et épousée, Done Elvire dont Gusman est le valet. Sganarelle ôte à ce dernier tout espoir que son maître revienne à Elvire. Gusman accepte difficilement ces révélations mais son interlocuteur s'empresse de le détromper en brossant, à sa manière, un portrait du grand seigneur méchant homme qui nous renseigne autant sur le maître que sur le valet. C'est à cette occasion que nous allons découvrir le caractère du héros ainsi que celui de son valet. [...]
[...] Nous venons donc de voir que cette scène, comme toute scène d'exposition, nous a apporté de nombreuses informations sur les événements qui se sont déroulés antérieurement mais aussi, et surtout, sur les deux protagonistes de la pièce : le grand seigneur méchant homme impie et débauché : Don Juan et le valet crédule, poltron et comique : Sganarelle. Mais au-delà de la simple exposition des faits et des personnages, cette scène a une grande importance car la tirade-portrait de Sganarelle non seulement, une valeur informative mais aussi prophétique sur ce qui attend Don Juan. [...]
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