Cette scène tout comme l'acte IV se déroule le soir, au domicile de DJ où se succèdent des visiteurs indésirables venus demander des comptes au héros. Celui-ci les éconduit avec d'autant plus d'assurance qu'il se sait maître du lieu, plus en sécurité entre ses quatre murs qu'au milieu de la forêt de l'acte III. Pourtant, ce défilé d'importuns, qui retarde le souper si attendu par Dom Juan, suggère au spectateur que les pressions et les menaces se resserrent autour du libertin, et prépare la visite ultime de la Statue annonciatrice du funeste et final règlement de compte.
Esquiver le créancier en se faisant dire absent, comme le conseille Sganarelle (IV, 2) serait "une fort mauvaise politique" (p. 82,1. 12) selon Dom Juan qui prétend au contraire le "payer de quelque chose" et se vante d'avoir "le secret de (le) renvoyer satisfait sans (lui) donner un double" (1.13-14). Comme un comédien qui entre en scène ou un malfaiteur sûr de son coup, Dom Juan jubile à l'idée de payer de mots son usurier.
Ce genre de scène, fréquente dans la farce, n'a-t-elle pas un sens plus profond, subversif ? (...)
[...] Le héros prend tout ce qu'il désire, accumulant les dettes sans jamais rien donner en échange, hormis des mots trompeurs ou de vaines promesses. Refusant ainsi toute idée de contrat ou de devoir, il perturbe les règles de l'échange social, (exemple : son ingratitude envers Pierrot qui lui a sauvé la vie, ou son insolence envers son père qui la lui a donnée). Le débiteur vit dans l'instant du divertissement comme pour dénier indéfiniment la mort, et devient ainsi une figure de la démesure orgueilleuse. [...]
[...] Conclusion rôle subversif Qui est susceptible de bouleverser, de détruire les institutions, les principes; qui menace l'ordre établi) de DJ Jeu de symétrie inversée entre la scène du Pauvre et celle de Monsieur Dimanche : dans le premier cas, Dom Juan offre de l'argent en échange d'une parole (le juron) qu'il n'obtient pas, alors que dans le second cas, il offre des paroles au lieu de l'argent qu'il refuse de .restituer. En outre on observe à chaque fois une tentative de séduction, ratée auprès du pauvre, réussie avec le créancier. Enfin les deux scènes illustrent une forme différente du rôle subversif de Dom Juan. [...]
[...] ) La stratégie de DJ est aussi habile que cynique, car Dom Juan profite des points faibles de son adversaire pour faillir à ses devoirs de débiteur tout en feignant, suprême ironie, la générosité du grand seigneur envers le bourgeois. B. L'ironie Loin de nier ou de minimiser sa dette, Dom Juan la revendique avec une jubilante ironie. Il emploie ainsi les mots mêmes qu'attend son créancier sans pourtant les faire suivre du moindre effet, et joue sur des propos à double sens : je sais ce que je vous dois (I. 23-24), j'y prends beaucoup d'intérêt et cela sans intérêt je suis votre serviteur, et de plus votre débiteur (I. [...]
[...] Molière, Dom Juan Acte IV, scène 3 (du début à . que je ne fisse pour votre service. (Il sort) Introduction Cette scène tout comme l'acte IV se déroule le soir, au domicile de DJ où se succèdent des visiteurs indésirables venus demander des comptes au héros. Celui-ci les éconduit avec d'autant plus d'assurance qu'il se sait maître du lieu, plus en sécurité entre ses quatre murs qu'au milieu de la forêt de l'acte III. Pourtant, ce défilé d'importuns, qui retarde le souper si attendu par Dom Juan, suggère au spectateur que les pressions et les menaces se resserrent autour du libertin, et prépare la visite ultime de la Statue annonciatrice du funeste et final règlement de compte. [...]
[...] Le comique gestuel Le comique gestuel est suggéré par les didascalies grandes civilités p la main tendue au créancier, et le jeu de scène autour des sièges ostensiblement offerts puis promptement ) (à souligner la gaucherie embarrassée de Monsieur Dimanche face à la virtuose arrogance de Dom Juan). = C'est un épisode comique mettant en scène un noble endetté auprès d'un bourgeois qui dupe ce dernier au moyen de flatteries ironiques. Mais est-ce là tout son intérêt? II) La transgression de l'ordre social A. Perturbation des codes de la hiérarchie sociale En feignant de recevoir son créancier comme le meilleur de [ses] amis I. [...]
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