La première scène de l'acte V a vu Dom Juan choisir de s'abriter sous le manteau de l'hypocrisie et jouer la comédie de la conversion et la feinte du repentir devant son père. Mais après son départ, il détrompe Sganarelle qui se réjouissait de l'attitude de son maître et fait l'éloge de l'hypocrisie qui lui permet d'être libertin en toute impunité.
Dans cette tirade, Sganarelle s'indigne et tente de prévenir son maître du châtiment qui l'attend. Son discours s'apparente à une leçon de morale mais sa démonstration est absurde et révèle le ridicule et l'ignorance du valet (...)
[...] (ligne - le qualificatif négatif adressé à Dom Juan (hypocrite, ligne associé à des termes péjoratifs et des tournures hyperboliques (de tout point et le comble des abominations, ligne 2). - sa détermination à exprimer oralement ses griefs. On relève ainsi : .le champ lexical de la prise de la parole (parler, ligne 3 ; je décharge mon cœur, ligne 5 ; je vous dise, ligne .l'expression de la nécessité (je ne puis m'empêcher de parler, ligne 3 ; il faut que, ligne 5 ; je dois, ligne - sa prise de risque à braver son maître. [...]
[...] T E X T E Acte V Scène 2. DOM JUAN, SGANARELLE. [ ] SGANARELLE. Ô Ciel ! qu'entends-je ici ? Il ne vous manquait plus que d'être hypocrite pour vous achever de tout point, et voilà le comble des abominations. [...]
[...] Il s'érige en moralisateur mais s'avère incapable de structurer un raisonnement cohérent. Il donne ainsi une vision ridicule de la morale qu'il souhaite défendre et que son maître refuse, prenant à contre pieds la figure traditionnelle du penseur. [...]
[...] Ont de la nécessité : sont dans le besoin. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Comme Dante ou Goethe, Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622 1673), incarne le génie propre d'une langue et d'une culture nationales : il n'est pas d'auteur plus français que lui. Mais il n'est pas non plus d'auteur plus universel : comme Cervantès ou Chaplin, il incarne le rire dans sa puissance souveraine, qui transcende frontières et époques. Enfin, en matière de théâtre, son œuvre, avec celle de Shakespeare, constitue la référence absolue : pour tous les comédiens du monde, Molière demeure le patron La plupart des comédies de Molière reposent sur des conflits entre des parents cristallisant un défaut (avare, malade imaginaire, femmes savantes, dévot naïf) et le reste de la famille (épouse la plus souvent, enfants qui cherchent à échapper aux conséquences désastreuses de ces manies). [...]
[...] Sachez, Monsieur, que tant va la cruche à l'eau qu'enfin elle se brise ; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l'homme est en ce monde ainsi que l'oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l'arbre ; qui s'attache à l'arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles 10 paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans ; les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l'âme ; l'âme est ce qui nous donne la vie ; la vie finit par la mort ; la mort nous fait penser au Ciel ; le Ciel est au-dessus de la terre ; la terre n'est point la mer ; la mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux ; les vaisseaux ont besoin d'un bon pilote ; un bon 15 pilote a de la prudence ; la prudence n'est point dans les jeunes gens ; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux ; les vieux aiment les richesses ; les richesses font les riches ; les riches ne sont pas pauvres ; les pauvres ont de la nécessité ; nécessité n'a point de loi ; qui n'a point de loi vit en bête brute ; et par conséquent, vous serez damné à tous les diables. [ ] Molière, Dom Juan, Acte scène 2 (extrait : la tirade du ridicule de Sganarelle). M'emporte : me fait sortir de mes gonds. Fantaisie : imagination. [...]
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