Dom Juan est l'une des comédies les plus connues de Molière. Dès sa première représentation, en 1665, la pièce connaît le succès mais entraîne aussi le scandale et le déchaînement des dévots, en raison de l'esprit profondément libertin du héros éponyme Don Juan.
Le texte que nous avons à étudier, la scène 1 de l'acte III, est un dialogue entre Don Juan et son valet Sganarelle (...)
[...] Seule la bouffonnerie du valet peut détendre l'atmosphère de cette pièce dont le dénouement ne peut consister qu'en la destruction de celui que rien ne touche. En effet, le conflit de Don Juan avec l'institution chrétienne, mis maintenant en pleine lumière au milieu de la pièce, ne laisse prévoir aucune autre issue que le châtiment du Ciel. En même temps, l'entêtement de Sganarelle, son impuissance à aller jusqu'au bout de son discours, son besoin d'ordre, sa dépendance soumise à l'égard de Don Juan, font de ce bouffon un être déchiré et dérisoire, tel que nous le confirmera sa dernière réplique Mes gages!mes gages!mes gages! . [...]
[...] Le texte que nous avons à étudier, la scène 1 de l'acte III, est un dialogue entre Don Juan et son valet Sganarelle. L'acte III s'ouvre en effet sur ce couple presque inséparable, solitaire dans une forêt, voulant échapper à douze hommes à cheval Ce dialogue, durant lequel Don Juan subit un véritable interrogatoire de la part de Sganarelle, revêt bien des aspects comiques, en raison, une nouvelle fois, du comportement du valet, mais aussi des accents graves, à cause de l'excessive rigidité du héros. [...]
[...] Notons en outre l'utilisation du présent de vérité générale, qui définit la philosophie du héros. On attendait l'amour de Dieu, on a droit à l'amour de l'arithmétique, c'est-à- dire à l'amour du matérialisme, du monde sensible, perceptible par les sens: - il ne croit qu'en l'évidence, refuse les actes de foi et ne se fie qu'à la raison; - il fait référence à une évidence mathématique très élémentaire. Sa réponse n'est donc qu'une dérobade, comme les précédentes, et non pas un credo rationaliste. [...]
[...] En effet, Sganarelle est en habit de médecin. Cet accoutrement le rend socialement supérieur à son maître, puisque celui-ci est en habit de campagne; aussi en profite-t-il pour lui donner une leçon de morale. Mais ce costume le rend encore plus ridicule que d'habitude: en véritable bouffon, il faut imaginer sa gestuelle suggérée par les mots, joignant le geste à la parole lorsqu'il désigne et détaille, dans sa tirade, les organes du corps. Aussi, relevons-nous un important champ lexical de la médecine: maladies ordonnances ordonnances malades guérissaient médecins guérisons des malades remèdes Cependant, alors que Sganarelle se vante d'avoir vu courir à lui des paysans, Don Juan blâme les médecins par l'utilisation d'un vocabulaire très péjoratif: pure grimace faveurs du hasard unes des grandes erreurs Ces termes ne peuvent que rappeler au spectateur que Molière se moque souvent des médecins, comme dans Le Malade imaginaire. [...]
[...] L'habit semble faire le moine dans cette scène, puisqu'il déclare lui-même que cet habit [lui a donné] de l'esprit C'est d'ailleurs à la faveur de cet habit grotesque qu'il se permet de discourir sur des sujets fondamentaux et qu'il tente de mieux connaître son maître. En effet, la scène commence par un interrogatoire, auquel Don Juan ne répond que par des dérobades: nous notons une gradation dans les questions, puisque nous passons d'une discussion sur la médecine à la mention du Ciel à celle de l'enfer à celle du diable Face au scepticisme de son maître, il décide alors de mener une véritable argumentation afin de le convertir au Bien. Mais son obstination paraîtra de plus en plus ridicule. [...]
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