Molière, "Dom Juan", Acte I scène 3 : analyse

Résumé du document

Dans les scènes précédentes, Sganarelle a présenté Dom Juan à Gusman, serviteur de Done Elvire, que le héros a épousée et quittée. Puis le héros mythique est apparu pour prôner les plaisirs de l'inconstance amoureuse. Dans cette dernière scène de l'acte d'exposition de la pièce, l'arrivée de Done Elvire confère à la scène une tension dramatique nouvelle. Dom Juan la traite avec sadisme et désinvolture, mais celle-ci le menace de la vengeance céleste. Néanmoins, Molière parvient à y introduire le comique par l'intermédiaire du valet Sganarelle (...)

Extraits

[...] De plus, sa justification fait de Dieu l'égal des maris trompés (que le Ciel est fort jaloux de ces sortes de choses, ligne 59) .il ment à Elvire et à Dieu en même temps. II- Le comique lié à l'intervention de Sganarelle L'affrontement de Dom Juan et de Done Elvire fait de cette scène une situation grave et tendue que Molière semble avoir jugé bon d'apaiser par une tonalité comique, en faisant intervenir Sganarelle. C'est ainsi que tous les registres comiques sont présents : - le comique de geste Il est suggéré par le jeu de scène et les didascalies comme se retournant vers son maître (ligne 33). [...]

[...] Vous plaît-il, Dom Juan, nous éclaircir ces beaux mystères ? DOM JUAN. Madame, à vous dire la vérité . DONE ELVIRE. Ah ! que vous savez mal vous défendre pour un homme de cour, et 40 qui doit être accoutumé à ces sortes de choses ! J'ai pitié de vous voir la confusion que vous avez. Que ne vous armez-vous le front d'une noble effronterie ? Que ne me jurez-vous que vous êtes toujours dans les mêmes sentiments pour moi, que vous m'aimez toujours avec une ardeur sans égale, et que rien n'est capable de vous détacher de moi que la mort ? [...]

[...] Voilà comme il faut vous défendre, et non 50 pas être interdit comme vous êtes. DOM JUAN. Je vous avoue, Madame, que je n'ai point le talent de dissimuler, et que je porte un cœur sincère. Je ne vous dirai point que je suis toujours dans les mêmes sentiments pour vous, et que je brûle de vous rejoindre, puisque enfin il est assuré que je ne suis parti que pour vous fuir ; non point pour les raisons que vous pouvez vous 55 figurer, mais pour un pur motif de conscience, et pour ne croire pas qu'avec vous davantage je puisse vivre sans péché. [...]

[...] Réellement éprise, elle cherche encore des raisons de se croire aimée. Dans cette scène, ses répliques font appel aux registres : - tragique, avec : .un langage soutenu : scélérat (ligne perfidie (ligne courroux (ligne perfide (ligne 77) . la rhétorique avec notamment deux longues interventions (lignes 5 à 19 et 39 à des fausses questions (par exemple, Me ferez-vous la grâce, Dom Juan, de vouloir bien me reconnaître ligne 1 ou et puis-je au moins espérer que vous daigniez tourner le visage de ce côté ligne et des exclamations (comme Hé bien ligne 23 ou Ah lignes 39 et 65) . [...]

[...] Sganarelle, parlez. Il n'importe de quelle bouche j'entende ces raisons. DOM JUAN, faisant signe d'approcher à Sganarelle. Allons, parle donc à Madame SGANARELLE. Que voulez-vous que je dise ? DONE ELVIRE. Approchez, puisqu'on le veut ainsi, et me dites un peu les causes d'un départ si prompt. DOM JUAN. Tu ne répondras pas ? SGANARELLE. Je n'ai rien à répondre. [...]