Dramaturge et acteur du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Poquelin, plus communément appelé Molière, est considéré comme le père de la Comédie-Française. À la tête de la "troupe de Molière", il a connu des débuts difficiles puisque certaines de ses pièces ont été l'objet de scandales. Parmi elles, "Le Tartuffe" datant de 1664, et "Dom Juan", écrite un an plus tard. Cette pièce composée de cinq actes met en scène un personnage séducteur et infidèle.
La scène étudiée, tirée du "Dom Juan", nous propose un retour de Done Elvire, victime de l'attitude de Dom Juan au début de la pièce, sous un autre visage et tentant de persuader le personnage éponyme de se repentir avant qu'il ne soit trop tard.
À quelles réflexions les attitudes de Dom Juan et Done Elvire nous amènent-elles ?
[...] C'est pourquoi Dom Juan est passif face aux deux prises de paroles de Done Elvire. Les courtes répliques du libertin face au grand volume de parole de l'émissaire du Ciel montrent son indifférence face à son engagement. La réplique Tu pleures, je pense de Dom Juan qui interrompt la longue prise de parole montre clairement le peu d'intérêt qu'il porte à ses dires. C'est une forme de mépris puisque ce sarcasme a pour but de se moquer de Done Elvire, Dom Juan préfère rester ironique plutôt que de répondre aux exigences de la dame voilée. [...]
[...] Séducteurs et habiles dans la manipulation, ils sont tous deux condamnés à un même destin. [...]
[...] Si au début de la pièce elle nous était présentée comme amoureuse et dépendante de Dom Juan, elle apparaît dans cette scène comme sereine et sûre d'elle. On remarque une opposition entre sa première apparition et celle-ci, puisqu'elle passe du courroux au pardon, à la sagesse. Cette opposition nous est montrée notamment par des tournures négatives dès sa première prise de parole Ne soyez point ne veut point ne vient point (l.5 à 8). Elvire utilise aussi la troisième personne pour parler de la femme qu'elle était auparavant Ce n'est plus cette Done Elvire (l.10) pour marquer ce changement d'attitude. [...]
[...] C'est une leçon proposée aux spectateurs, Molière les invite à se repentir avant leur condamnation. Aussi, le dramaturge fait en quelque sorte un éloge de la religion, puisqu'il montre à travers cette scène, puis de la scène finale que nul être humain ne peut échapper au jugement du Ciel. Il invite donc les spectateurs à demander le pardon avant leur condamnation, tout en utilisant un moyen persuasif, celui de la peur voire de la menace. En effet, il montre via l'exemple de Dom Juan qu'un homme invité à se repentir mais qui refuse le pardon sera irréversiblement condamné par le Ciel. [...]
[...] Aussi, le dramaturge français montre à travers cette scène la multi dimensionnalité du théâtre. Plutôt connu pour ses comédies grinçantes et féroces, Molière montre à travers cette pièce que le théâtre a plusieurs fonctions, et n'est pas fait seulement pour le divertissement du public. Il a donc fait partie d'un groupe de dramaturges du XVIIème siècle qui ont fait de ce centenaire le siècle du théâtre Ainsi, Molière met à l'œuvre dans sa pièce et notamment dans cette scène toute l'excellence du théâtre du XVIIème puisqu'il réussit à traiter de sujets polémiques comme la religion tout en faisant de sa pièce un spectacle divertissant. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture