La scène 5 est une scène de conflit qui oppose le Marquis à Dorante. En effet, on remarque que les répliques sont très brèves dans la première partie de la scène et se succèdent à un rythme rapide. L'usage de la prose renforce la vivacité de l'échange. Dans un premier temps, le Marquis ne parvient pas à argumenter et se contente de recourir à des interjections expressives ("morbleu !") pour feindre de structurer son discours. Il faut attendre la fin de l'extrait pour que les répliques s'allongent et que Dorante développe des arguments solides (...)
[...] Apprends, Marquis, je te prie, et les autres aussi, que le bon sens n'a point de place déterminée à la comédie ; que la différence du demi-louis d'or et de la pièce de quinze sols9 ne fait rien du tout au bon goût ; que debout et assis, on peut donner un mauvais jugement ; et qu'enfin, à le prendre en général, je me fierais assez à l'approbation du parterre, par la raison qu'entre ceux qui le composent il y en a plusieurs qui sont capables de juger d'une pièce selon les règles, et que les autres en jugent par la bonne façon d'en juger, qui est de se laisser prendre aux choses, et de n'avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule. LE MARQUIS Te voilà donc, Chevalier, le défenseur du parterre ? Parbleu ! je m'en réjouis, et je ne manquerai pas de l'avertir que tu es de ses amis. [...]
[...] Mais enfin je sais bien que je n'ai jamais rien vu de si méchant2, Dieu me damne ; et Dorilas, contre qui3 j'étais, a été de mon avis. DORANTE L'autorité est belle, et te voilà bien appuyé. LE MARQUIS II ne faut que voir les continuels éclats de rire que le parterre4 y fait : je ne veux point d'autre chose pour témoigner qu'elle ne vaut rien. DORANTE Tu es donc, Marquis, de ces Messieurs du bel air5, qui ne veulent pas que le parterre ait du sens commun, et qui seraient fâchés d'avoir ri avec lui, fût-ce de la meilleure chose du monde ? [...]
[...] Conclusion La scène 5 de La Critique de l'École des femmes allie donc des tons différents : se mêlent en effet le comique, le satirique et le polémique au sein d'un même dialogue. Ainsi, tout en faisant rire, Molière entend dénoncer les critiques théâtraux qui ont le jugement bancal et hautain et plaide en faveur d'un spectacle populaire de qualité. Ainsi, cette scène 5 répond bien à la double fonction de la comédie, corriger et faire rire. Comme le disait les latins, castigat ridendo. [...]
[...] L'étroitesse d'esprit du Marquis finit par outrager Dorante. Ainsi, dans ses deux dernières répliques, le personnage abandonne le registre satirique La caution n'est pas bourgeoise pour recourir au registre polémique. L'interpellation directe par le biais de la deuxième personne Tu es donc et de l'apostrophe Marquis frappe en plein cœur le destinataire. De plus, l'usage d'une ponctuation expressive Eh, morbleu ! Messieurs, taisez-vous . et des impératifs Ris tant que . exprime l'emportement et la vive colère de Dorante. Enfin, l'usage de modalisateurs virulents j'enrage je ne saurais souffrir et d'un vocabulaire dépréciatif Messieurs du bel air estropier traduit une véhémence qui n'aspire qu'à se déverser LA CRITIQUE DES CRITIQUES La cible de Dorante ? [...]
[...] Dans la scène Dorante entre alors que la discussion a déjà commencé et entame une dispute avec le Marquis. Chacun tente d'argumenter pour défendre son point de vue sur la pièce. Nous verrons tout d'abord que cet affrontement verbal est traité sur le mode comique car la confrontation démasque les ridicules et les faux penseurs pour ensuite montrer que dans le dialogue s'affrontent le bon sens et la pédanterie Une scène comique Le comique de cette scène est évident : il repose en effet sur de nombreux ressorts UNE SCENE DE CONFLIT La scène 5 est une scène de conflit qui oppose le Marquis à Dorante. [...]
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