Molière, "La critique de l'école des femmes", Début de la scène 5 : commentaire

Résumé du document

La comédie a une fonction satirique et on peut relever dans la scène un vocabulaire péjoratif qui donne au débat un tour polémique ("détestable" d'un côté "ridicule" de l'autre) et à la scène un registre satirique. La double énonciation permet de distinguer ces deux aspects : un dialogue polémique déséquilibré pour servir un registre satirique. Les hyperboles (la scène où "un de nos amis" hausse les épaules quand le parterre rit) sont un des procédés de cette satire (...)

Extraits

[...] Cette question du rang est prétexte à un jeu de mots : La caution n'est pas bourgeoise Dans les propos de Dorante, le récit d'une représentation théâtrale où un de ces Messieurs du bel air» s'est ridiculisé peint la carte sociale du théâtre en distinguant le parterre des membres de l'aristocratie présents sur le théâtre II-2 La critique des classes aisées Molière dresse un portrait sévère de l'aristocratie et peut-être de la haute bourgeoisie : une attitude méprisante, des préjugés, un comportement prétentieux ridicule complaisance affectée délicatesse ridicule une ignorance qui rend insupportable l'attitude assurée («parlent hardiment de toutes choses sans s'y connaître taisez-vous, quand Dieu ne vous a pas donné la connaissance d'une chose II- 3 De nouveaux critères La hiérarchie sociale se dessine selon des critères de naissance (Messieurs du bel air, Marquis de Mascarille) et d'argent (ce qui est novateur) : la différence du demi-louis d'or et de la pièce de quinze sols ne fait rien du tout au bon goût Molière, s'opposant à ces critères-là propose d'autres valeurs : le bon goût et le bon sens Rappelons que le Discours de la Méthode de Descartes date de 1637 : la raison qui est prônée sera le fondement de la pensée des Lumières. On voit se profiler ici en filigrane ce qui sera au cœur de la pensée des Philosophes du XVIIe siècle. III . et propose une réflexion sur le théâtre 1 La place des spectateurs Le spectateur est le destinataire de la pièce. Molière s'adresse à lui («Apprends, Marquis, je te prie, et les autres aussi et son opinion est si importante que la querelle de L'École des femmes justifie une réponse sous forme de comédie. [...]

[...] Commentaire du Texte de Molière, La critique de l'école des femmes Représentée pour la première fois en décembre 1662, L'École des femmes, comédie en vers qui s'interroge sur l'institution du mariage et sur l'éducation des filles, connaît un grand succès. Cependant mille jaloux esprits (Boileau) s'en prennent à la pièce si bien que Molière, en 1663, répond à ses détracteurs par une comédie en un acte, La Critique de l'École des femmes, qui met en scène des partisans de la pièce et de ridicules opposants. [...]

[...] Molière met en scène des spectateurs de sa première pièce, ce qui brouille les repères du public. Ce qui vient compliquer ce jeu baroque de trompe-l'œil, c'est l'adresse implicite aux spectateurs présents lors de la représentation de La Critique de l'Ecole des femmes. Apprends, Marquis, je te prie, et les autres aussi Les autres sont les personnages présents sur scène mais également le public. II . qui donne une image critique de la société . II- 1 Une double image de la société La scène nous donne à voir, comme dans Les Précieuses ridicules, un salon aristocratique. [...]

[...] A croire que le théâtre aime bien se donner en représentation, comme en témoignent également la pièce de Shakespeare, Hamlet (1601), ou l'exposition de Cyrano de Bergerac (1897) d'Edmond Rostand. Sans doute ce jeu de reflets contribue-t-il à séduire le spectateur. Ecoutons une dernière fois Dorante (scène VI) nous dire : Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin. [...]

[...] Ici, dans cette pièce en un acte, il n'est pas question de mariage et d'autorité paternelle : l'intrigue, annoncée par le titre, se réduit à un débat autour de la pièce controversée de 1662. 3 Un mirage baroque Comme dans un jeu de miroirs, Molière renvoie à deux de ses pièces, L'École des femmes et Les Précieuses ridicules nos marquis de Mascarille Allusion est faite également à la représentation de L'Ecole des femmes. Durant plusieurs représentations un certain Plapisson haussa les épaules en disant tout haut : Ris donc, parterre ! [...]