Ce passage correspond à l'incipit du roman. Il vient placer des le départ le lecteur face a la force de l'appel de la mer, vécue par le héros, comme un appel irrésistible, et naturel.
Irrésistible dans le sens où Ishmaël se sent au plus profond de lui-même, obligé d'y répondre. Naturel car il semble tomber sous le sens, se placer en tant que fatalité face à notre héros qui n'est qu'une marionnette de cette mécanique. La citation de ce passage la plus pertinente pour illustrer ce propos est : « Rien de surprenant à cela ». Ou encore lorsque Ishmaël suit chaque enterrement qu'il « rencontre », comme si la mort venait se placer face a lui, inéluctablement, et l'appelait, l'obligeant a suivre les enterrements qu'il rencontre sur son chemin.
[...] On remarque la majuscule au mot Océan le hissant au rang de divinité, ou en tout cas de concept : ce n'est pas un simple lieu géographique, où un simple lieu de travail qui est ici décrit, mais un monde à part entière le monde de l'eau Un monde différent de celui du commun des mortels, voire largement supérieur, dans lequel régnerait l'Absolu, et où les hommes seraient impuissants. L'appel de la mer s'exprime également à travers l'idée d'un appel de la mort. Tout au long du passage, une présence se fait sentir à l'intérieur du héros, une présence qui donne l'impression d'une absence, d'un vide dans lequel Ishmaël serait aspiré inéluctablement. [...]
[...] Moby Dick, Melville, étude de l'extrait : L'appel de la mer : l'appel absolu et irrésistible de la mort Je m'appelle Ishmaël. Mettons. Il y a quelques années, sans préciser davantage, n'ayant plus d'argent ou presque et rien de particulier à faire à terre, l'envie me prit de naviguer encore un peu et de revoir le monde de l'eau. C'est ma façon à moi de chasser les cafards et de me purger le sang. Quand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre, quand je me surprends arrêté devant une boutique de pompes funèbres ou suivant chaque enterrement que je rencontre, et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois me tenir à quatre pour ne pas, délibérément, descendre dans la rue pour y envoyer dinguer les chapeaux des gens, je comprends alors qu'il est grand temps de prendre le large. [...]
[...] Il vient placer dès le départ le lecteur face à la force de l'appel de la mer, vécue par le héros, comme un appel irrésistible, et naturel. Irrésistible dans le sens où Ishmaël se sent au plus profond de lui-même, obligé d'y répondre. Naturel car il semble tomber sous le sens, se placer en tant que fatalité face à notre héros qui n'est qu'une marionnette de cette mécanique. La citation de ce passage la plus pertinente pour illustrer ce propos est : Rien de surprenant à cela Ou encore lorsque Ishmaël suit chaque enterrement qu'il rencontre comme si la mort venait se placer face à lui, inéluctablement, et l'appelait, l'obligeant à suivre les enterrements qu'il rencontre sur son chemin. [...]
[...] En fin de compte dans cette balance entre désir et destin (l'appel irrésistible et naturel), la mer représente le lieu privilégié la rencontre de l'individu avec lui-même, la présence quant à elle n'est autre que celle de Mobby Dick, la baleine, qu'on peut sentir tout au long du récit. D'une certaine manière elle est l'incarnation de l'essence même de l'Absolu. L'appel de la mer est indubitable et nul homme ne peut s'y absoudre, cela se retrouve dans la dernière phrase de l'extrait. Tous les hommes sont appelés par la mer, incarnation de leur originel, leur mère nature ils tendent à retrouver la Vérité de leur origine, ou plutôt ils tendent à trouver la Vérité, donc se tournent vers l'originel, le matriciel. [...]
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