Sciences humaines et arts, Les Misérables première partie deuxième livre La chute, Victor Hugo 1862, narration, intérêt de l'analepse, condamnation de l'injustice, critique sociale, Jean Valjean, romantisme littéraire, lecture analytique
"Les Misérables" est une œuvre emblématique de la littérature française du XIXe siècle. Elle reste l'une des premières à s'intéresser au peuple et à écrire pour lui, dans sa "langue". Cette histoire du chef de file du romantisme, Victor Hugo, est mondialement connue : Jean Valjean, condamné à dix-neuf ans de bagne pour avoir volé un pain et avoir tenté de s'évader, devient un homme nouveau à sa sortie de prison, et emploiera son existence à faire le bien autour de lui, jusqu'à sa mort. Cet extrait se situe au début de ce long roman, il s'agit d'un retour du narrateur sur l'état d'esprit de Jean Valjean à sa sortie du bagne. Le narrateur nous plonge dans la conscience du bagnard, revient sur son passé et pénètre dans ses réflexions et pensées, accumulées pendant dix-neuf longues années.
[...] ) qui accentue sa position de victime. Ce personnage est capable de délibérer, et de peser honnêtement le pour et le contre, sans se laisser aveugler par la haine qu'il pourrait vouer à la société qu'il tient pour responsable : il ne se dédouane aucunement de ce qu'il a fait, comme en témoigne l'accumulation de propositions subordonnées conjonctives aux lignes et 16, de même que les adjectifs utilisés pour décrire le vol, comme une action « extrême et blâmable ». [...]
[...] aux lignes 42-43 « on n'est indigné que parce qu'on a raison au fond de quelque côté » . La phrase marque la sympathie du narrateur pour le personnage. Transition : la prison a fait de Jean Valjean un être révolté, elle lui a également donné le temps d'une réflexion qui le conduit à une condamnation impitoyable de la société. II/ Un être révolté Condamnation de l'injustice - Hugo insiste principalement sur la disproportion entre la faute et le châtiment : Jean Valjean a été condamné à une peine abusive par rapport au délit mineur dont il est accusé, ce que souligne le champ lexical de l'excès : « abus » « excès de poids » « surcharge ». [...]
[...] Valjean se juge lui-même, puis il juge la société. Ces deux étapes sont annoncées par deux phrases : l « essayons de le dire » et l « puis il se demanda ». L'ordre de ces deux étapes n'est pas indifférent, puisque le jugement de la société est la dernière impression laissée par cette analepse. Cette pause réflexive se trouve à l'intérieur même du récit et a une puissance démonstrative. Elle ne fait en rien avancer l'action, mais examine le déroulement cruel des faits avec concision. [...]
[...] Le bagne a développé des traits de caractère inquiétants chez Valjean « il la condamna à sa haine » et lui a fait perdre certaines qualités, c'est le sens des antithèses qui opposent le caractère de Valjean à son entrée au bagne « sanglotant et frémissant » « désespéré » et à sa sortie « impassible » « sombre » Jean Valjean a désormais des désirs de vengeance et la société a tout perdu en le condamnant à une si lourde peine : car d'un côté il a eu le temps de réfléchir, de devenir un autre homme qui n'est pas un sage repenti, c'est ce que suggère la deuxième série d'antithèses qui clôt le texte et définit l'âme du forçat : « monta et tomba en même temps » et « lumière d'un côté et ténèbres de l'autre » (47-48). - Le débat dépasse le simple cadre de l'histoire personnelle de J. Valjean pour devenir un combat de Victor Hugo contre les injustices sociales. [...]
[...] Une critique de la société - Jean Valjean se livre à une critique des hommes eux-mêmes, et de la société inégalitaire qu'ils ont créée : > La société devient alors le vrai responsable du vol du pain : dénonciation au présent d'énonciation ligne soulignée par la métonymie de la société, qui la rend unie et forte « il faut bien que la société regarde ces choses puisque c'est elle qui les fait », temps verbal qui sous-entend de plus que la société agit encore de la sorte au moment de l'écriture de ce texte. > Il y a impossibilité de rachat pour le condamné, même quand celui-ci s'est acquitté très lourdement de sa peine, d'où l'antithèse entre « commise et avouée » qui définit la faute et « féroce et outré » qui définit le châtiment (26). [...]
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