Etude synthétique réalisée dans le cadre d'un cours de Licence de Lettre Modernes du rapport entre le texte et les illustrations de l'auteur dans son oeuvre Misérable Miracle.
[...] La mescaline ne se contente pas d'introduire que des images, elle remplit les visions de couleurs. Michaux nous décris à plusieurs reprises "l'attaque" des couleurs contre son esprit. Il ne s'agit pas de formes où la couleur serait secondaire, ici c'est plus la couleur qui détermine la forme. Dans ses visions "colorées", l'auteur semble totalement ébahi devant un tel foisonnement de tons, et ne les assimile que rarement à des formes. Le mot devient ici à la fois couleur et image intérieure. [...]
[...] 29.) A plusieurs reprises, Michaux est assiégé par la couleur rose, qui apparaît comme une contradiction : le rose, assimilé le plus souvent à la douceur, se montre dans le texte oppressant, pesant, pénible : "Le rose gagne. De multiples bulbes roses apparaissent. Le rose gagne de plus en plus. J'en fais, j'en pétille. Je bourgeonne rose. Je suffoque de roseur, de rosissement. Le bécotage de ce rose me gêne, m'est odieux. Arrêt. Ouf (p. 29) ] j'étais à pleins bords dans le rose. Le rose m'assiégeait, me léchait, me voulait confondu avec lui. Mais je ne marchais pas. [...]
[...] Toujours sous l'emprise de la mescaline, il tente d'introduire des images venues de l'extérieur dans ses visions intérieures, en l'occurrence des illustrations d'animaux issues d'un livre de zoologie. Mais rien à faire, il n'y a pas d'interaction entre les images sur papier et les images mentales. Michaux abandonne, puis réessaie, en lisant cette fois les commentaires des planches animalières sans s'occuper des photographies. Il se passe alors quelque chose de complètement différent, le simple fait de lire transforme immédiatement les mots en visions : "Tiens ! Quelque chose, il me semble, bouge à ces mots. [...]
[...] "Cette fois on est en pleine couleur. Cent Empire State Building, toutes fenêtres éclairées, la nuit, de lumières différentes, ne comblerait pas autant de tâches de couleurs distinctes, l'écran inouï de ma vision." (p. 28). Henri Michaux focalise également son attention sur une ou plusieurs en particulier. Il consacre un passage entier à la couleur verte, qui finit par s'insinuer en lui-même : "Je suis composé d'alvéoles de vert. Verts comme points brillants sur le dos d'un scarabée. C'est en moi la zone qui émet vert. [...]
[...] Avant-propos Le texte étudié ici est celui de l'édition parue dans la collection Poésie de La NRF, Gallimard, en 1972. Il s'agit de la publication revue et augmentée de quarante-huit dessins et manuscrit de l'auteur. Les numéros de pages se rapportent donc à cette édition. L'expérience mescalienne Henri Michaux a choisi d'écrire et de retranscrire dans son ouvrage Misérable miracle ses expériences avec la drogue issue du peyotl, la mescaline. Le texte n'apparaît qu'en tant que médium relatant les visions, les sensations, les images. [...]
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