Alceste, personnage central du Misanthrope de Molière, réprouve tout ce qui n'est que feinte, duperie et dissimulation et se lance au travers de cette œuvre dans un vaste combat contre l'hypocrisie. Seul contre tous, il affirme dans la première scène de la pièce « Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneur / On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur ». Il se lance alors dans une campagne au nom d'idéaux qui sont bien contraires aux mœurs de son temps. Fervent défenseur de la sincérité, de l'honnêteté et du « dire vrai », il est épris d'une jeune courtisane, Célimène, incarnant tout ce qu'il exècre : elle flatte, courtise, et séduit mais tout cela n'est que simulation et fausseté. Célimène donne en effet à Alceste ainsi qu'à Oronte, un de ses concurrents, l'espoir d'un amour partagé, chacun pensant être l'heureux élu de son cœur. Précieuse et mondaine, elle personnifie la courtisane, individu antithétique à tout ce que recherche Alceste.
[...] Elle tente ainsi de minimaliser l'incident 1345) et de faire douter Alceste sur la destination du billet. Toutefois, cette ruse ne parvient pas à convaincre Alceste. Célimène utilise une autre tactique. Restant dans le mensonge, et continuant de feindre elle utilise une autre tactique qui consiste à le faire culpabiliser - 1358). Ainsi, L'échec de cette nouvelle ruse ne désarme pas la jeune femme qui se montre alors indifférente, encore un mensonge qui ne convainc pas Alceste. Utilisant sa dernière arme, elle avoue enfin la vérité, sans détour cette fois-ci et avec une indifférence réelle - 1370). [...]
[...] Et, si la sincérité est importante, quelle place a-t-elle face à l'amour ? Nous verrons que dans cet extrait le dialogue agonistique entre Célimène et Alceste d'apparente à une réelle scène de guerre amoureuse où la mise à mort est nécessaire. Puis, dans un deuxième temps nous verrons que l'inversement des rôles remet en question la place de la vérité au sein de la société. Enfin, nous étudierons l'aspect tragique de la scène, où Alceste prend une véritable tournure dramatique. [...]
[...] Il insiste d'ailleurs sur cette position d'inquisiteur, posant les questions, et utilisant un vocabulaire d'interrogatoire : soutenir ajustez me justifier montrez- moi Au début de l'extrait Alceste est donc en position de force, comme l'attestent également son temps de parole, et l'emploi de l'impératif. Il doute de la ruse trouvée par Célimène, remet en question ses paroles et cherche à connaître la vérité. Ainsi il reste fidèle à ses valeurs, garde le discernement nécessaire à l'apparition de la vérité. Toutefois, Célimène arrivera à inverser la situation. En effet, elle s'aperçoit rapidement de l'inefficacité de la ruse tentant de faire passer le destinataire du billet pour une femme. [...]
[...] En effet, en la recherchant il trouve son propre malheur, provoquant une avalanche de sentiments. S'adressant de nouveau à Célimène, celui-ci a perdu tous ses repères. La vérité est donc bouleversante. Alceste qui jusque-là était juge, devient alors victime. Il utilise le langage juridique défendez-vous crime coupable montrant la rancoeur restant contre Célimène. Pourtant il utilise l'oxymore billet innocent associant la preuve de la culpabilité de la jeune femme à l'innocence, l'acquittant ainsi de toute culpabilité, et dérogeant donc à ses principes. [...]
[...] Le vocabulaire s'apparente à celui de la tragédie Racinienne courroux perfide fatal amour De plus son aparté est comme adressé aux dieux Ciel ! v 1371) montrant l'impuissance d'Alceste face à l'amour qui le tient. Il est victime de cet amour, l'aliénant vous êtes fou v. 1391) et lui faisant perdre ses repères. Victime de l'amour, instrument des dieux, Alceste n'est plus maître de ses actes. La jalousie le ronge vos transports jaloux v 1391) et il ne contrôle plus rien. L'impuissance de cet homme face à la femme qu'il aime le rend faible et vulnérable. [...]
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