La pièce montre essentiellement un personnage, Alceste qui voit se combattre en lui des impulsions et des obligations contraires. Elle montre les antagonismes qui opposent le désir individuel et les nécessités sociales.
[...] Pour cela, il ne peut supporter les ris complaisants (vers 659). Cela pousse dès lors Célimène à avoir une attitude plutôt satirique à son égard ; c'est la conséquence de sa misanthropie exacerbée. Ainsi, le rire devient le masque, celui qui trompe, le symbole de la corruption pour Alceste, souvenons- nous de ce qu'il dit à propos du rire aux vers 135 à 138 : Alceste Nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit, Tout le monde en convient et nul ne contredit. [...]
[...] Tout le monde rit de lui tout aussi bien celle qu'il aime (Célimène) que ceux qu'il déteste (les marquis). Ce rire omniprésent nous éclaire sur le personnage d'Alceste, ce rire qui rend colérique (atrabliaire) ce dernier a permis à Molière de façonner son personnage sur le comique et le ridicule. Défi remporté dès lors par le dramaturge. Molière accentue donc sur le comique de caractère et de situation dans cette pièce. Alceste n'est pas un personnage grotesque mais le comique qui se dégage résulte des situations où il se trouve. [...]
[...] Lui qui est le misanthrope, le voilà parmi la foule et qui plus est dans un salon. Cela est contradictoire avec le personnage même. De même il s'intéresse à une coquette personnage dont un misanthrope ne devrait guère s'intéresser surtout si elle décrit un portrait peu flatteur de lui, mais bien vrai aux yeux des lecteurs et des spectateurs. Il s'agit sans doute ici d'un clin d'œil de Molière qui cherche à nous rappeler le caractère contradictoire d'Alceste (vers 669 à 680 : cf : ci-dessus). [...]
[...] Néanmoins, cet extrait riche en thèmes nous a aussi permis de mettre l'accent sur le rire, notion maléfique pour Alceste. En effet, pour Molière cette pièce a une signification particulière dans le fait qu'elle remet en question la comédie, il s'agit, plus largement, d'une méditation sur l'essence du rire. Cette pièce qu'est Le Misanthrope est en somme une réflexion sur son moi et sur la comédie en générale, probablement même une auto-ironie de l'auteur lui-même. Molière tente de faire percevoir au lecteur comme au spectateur que le rire est l'expression de la raison et de la santé morale. [...]
[...] Alceste nous dévoile sa conception de l'amour qui défend la nécessité de l'exclusivisme et de la sincérité : Alceste Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte : A ne rien pardonner le pur amour éclate ; Et je bannirais, moi, tous ces lâches amants Que je verrais soumis à tous mes sentiments, Et dont, à tout propos, les molles complaisances Donneraient de l'encens à mes extravagances. En outre, Alceste, quand nous observons attentivement la pièce, ne dialogue en réalité quasiment pas. Et quelque soit son interlocuteur celui- ci a toujours tort. En réalité, Alceste ne fait qu'accuser, il n'alimente jamais le dialogue et cela même pour les déclarations d'amour comme nous pouvons le voir dans ce passage. En effet, les déclarations amoureuses d'Alceste ont plus l'aspect juridique d'un réquisitoire (vers 701 à 702 cf : ci-dessus). [...]
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