Sciences humaines et arts, Les mille et une nuits, Le porte faix et les Trois Dames : histoire du 3e Calender, Shahrâzâd, Ajîb, curiosité
L'extrait est tiré d'un conte des Mille et une nuits, Le porte faix et les Trois Dames : histoire du 3e Calender. Ajîb, fils du roi Khasîb, entreprend un voyage en mer. Suite à de nombreuses péripéties, notamment le naufrage sur l'île où il tue le fils d'un joaillier, il réussit à atteindre un continent où ils rencontrent 10 Jeunes Hommes borgnes de l'œil droit ainsi qu'un vieillard qui semble à la fois les servir et les diriger. En effet, il leur paie leur dû en leur amenant l'appareillage nécessaire à un rituel journalier, qui consiste à se salir, pleurer, se frapper comme pour expier une faute - la curiosité. Mais cette expiation a de particulier qu'elle est répétée chaque jour, comme si elle était inefficace ; ou qu'elle était la punition pour un acte impardonnable. Cela intrigue Ajîb, pour lui ces Jeunes Hommes se comportent comme des fous. La curiosité le pousse alors à leur demander la raison pour laquelle ils agissent ainsi. La curiosité semble être la notion principale en jeu dans ce conte, mais elle s'étend, englobe d'autres notions, telles le plaisir, le désir. Cet extrait semble aussi illustrer la dimension pédagogique de la voix de Shahrâzâd.
[...] (De plus, Ajîb, lorsqu'il pénètre les portes, semble subjugué par ce qu'il voit, mais les yeux seuls semblent être sollicités.) Nous pouvons émettre l'hypothèse que ces éléments avaient peut-être pour seul but la reconnaissance des lecteurs ; et dans ce cas ils seraient plus littéraires, visuels que significativement religieux. Ainsi, l'attention du lecteur est à la fois captée par le désir de connaitre la réponse à la question principale menée dans le texte, et par les différentes techniques narratives. Mais cela n'est pas que pur divertissement. Il réside même un paradoxe : le lecteur assiste à la chute d'Ajîb tout en y prenant du plaisir, en somme, la curiosité le pousse à connaitre le déroulement de l'histoire. Le plaisir attise (comme pour Ajîb) sa curiosité. [...]
[...] ; dans l'épisode des Jeunes Femmes il semble en être autrement ; le désir et le plaisir s'y mêlent. Le palais et ce qu'il s'y passe ont une dimension de perfection, où tout semble là pour satisfaire, pour combler Ajîb. Il est accueilli comme un roi, servi par des femmes, ses dévouées servantes Il est nourri, logi, blanchi par des Jeunes Femmes dont la beauté est insaisissable, qui attire le regard sans jamais le rassasier Le charnel n'est pas oublié, les Jeunes Femmes se donnent à lui sans discourir. [...]
[...] Cet extrait semble aussi illustrer la dimension pédagogique de la voix de Shahrâzâd. Nous verrons dans une première partie les caractéristiques de la curiosité d'Ajîb, ses conséquences, ensuite, dans une seconde partie nous montrerons en quoi il n'est pas uniquement question de curiosité dans l'épisode des Jeunes Femmes, et enfin nous étudierons le pacte de lecture et l'aspect didactique du texte. L'extrait est marqué entre autre par le passage d'un état angoissé à celui (les Jeunes Hommes ayant en partie satisfait la curiosité d' Ajîb) à un état de bonheur parfait. [...]
[...] Ensuite, ce récit n'est pas l'histoire même, mais le résumé de l'histoire, du destin (il le présente ainsi) du 3e Calender par lui-même, et par extension, Shahrâzâd. J'abrège pour abréger : il n'est sûrement pas question d'urgence mais bien d'une technique de narration. Shahrâzâd raconte l'histoire des trois Calenders ; nous pouvons alors comprendre qu'elle ne s'étende pas sur les détails. Les ellipses permettent de passer les évènements répétés, tout en en faisant suggérer le contenu : «tout le mois que je demeurai là demeurai toute une année auprès d'elle». [...]
[...] Lorsque qu'Ajîb est comblé, qu'il baigne dans le bonheur, les Jeunes Femmes lui annoncent qu'elles doivent partir, qu'elles lui laissent le château, et les clefs de 40 portes ; lui recommandant avec insistance ne pas ouvrir la dernière. A ce moment, la curiosité semble être le moteur de sa faiblesse, le poussant à nouveau à passer outre les recommandations, à ignorer encore les conséquences prévues de son acte : la séparation d'avec les Jeunes Femmes (Celle des Jeunes Hommes par extension). [...]
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