François Marie Arouet (1694-1778), dit Voltaire, est un des grands hommes du mouvement des Lumières. Écrivain philosophe provocateur et ironique, il utilise ses oeuvres pour critiquer avec ironie la société de son temps, la guerre, l'Église, ... Il a écrit de nombreuses oeuvres de divers genres, des tragédies (comme Zaïre), des essais (comme Lettres philosophiques) et surtout des contes philosophiques, au premier rang desquels son joyau Candide.
Micromégas est un court conte philosophique, paru en 1752, qui invite à suivre un héros extraterrestre à travers l'immensité de l'espace et la visite de différentes planètes, dont notre bonne vieille Terre. L'ouvrage est très représentatif du statut mondain et plaisant du conte littéraire au XVIIIe siècle. Si plusieurs passages de Micromégas font allusion à des actualités de la première moitié de ce siècle, rétrospectivement il a été considéré comme un des tout premiers ouvrages de science-fiction. Au cours de ce voyage, à la fois merveilleux et philosophique, Voltaire amène le lecteur à réfléchir à des préoccupations essentielles d'alors : quelle place tient l'être humain dans le cosmos ? Quels enseignements peut-on en tirer ?
Ce premier chapitre met en place les éléments du conte avec son héros condamné à l'exil et livre déjà plusieurs éléments de réflexion, avec notamment une amorce de la vulgarisation du relativisme dont est porteur l'ouvrage.
I- Les références traditionnelles du conte
Si l'on occulte l'innovation extra-terrestre, cet incipit expose un univers de conte traditionnel, illustré par les formules traditionnelles, les éléments spatio-temporels ainsi que les personnages de ce genre littéraire bien codifié et qui fait partie des références culturelles du lecteur.
a- Les formules habituelles du conte
On retrouve :
- l'expression emblématique du début de tout conte : il y avait (ligne 1) (...)
[...] Il lia une étroite amitié avec le secrétaire de l'Académie de Saturne, homme de beaucoup d'esprit qui n'avait à la vérité rien inventé, mais qui rendait un fort bon compte des inventions des autres, et qui faisait passablement de petits vers et de grands calculs. Je rapporterai ici, pour la satisfaction des lecteurs, une conversation singulière que Micromégas eut un jour avec monsieur le secrétaire. Lieues : la lieue est une unité de mesure variable selon les provinces, la plus commune étant de 4,445 km. Pas géométrique : le pas désigne la longueur d'une enjambée ; géométrique signifie ici exact régulier Pieds : le pied mesure douze pouces, soit 32,4 cm de roi signifie qu'il était étalonné par ordonnance royale). [...]
[...] La comparaison avec l'oiseau (comme un oiseau voltige de branche en branche, ligne 44) témoigne de la facilité du voyage et de l'absence d'aide extérieure. L'évocation permet même à Voltaire une attaque explicite de Blaise Pascal (C'est dix-huit de plus que Blaise Pascal, lequel, après en avoir deviner trente-deux en se jouant, à ce que dit sa sœur, devint depuis un géomètre assez médiocre, et un fort mauvais métaphysicien, lignes 23 à pourtant véritable génie à l'origine des probabilités, inventeur de la première machine à calculer et philosophe comme lui, mais qu'il détestait en tant que janséniste, c'est-à-dire chrétien farouchement opposé aux Jésuites. [...]
[...] Voltaire, Micromégas, chapitre I. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction François Marie Arouet (1694-1778), dit Voltaire, est un des grands hommes du mouvement des Lumières. Écrivain philosophe provocateur et ironique, il utilise ses œuvres pour critiquer avec ironie la société de son temps, la guerre, l'Église Il a écrit de nombreuses œuvres de divers genres, des tragédies (comme Zaïre), des essais (comme Lettres philosophiques) et surtout des contes philosophiques, au premier rang desquels son joyau Candide. Micromégas est un court conte philosophique, paru en 1752, qui invite à suivre un héros extraterrestre à travers l'immensité de l'espace et la visite de différentes planètes, dont notre bonne vieille Terre. [...]
[...] Il s'en servait si à propos que, tantôt à l'aide d'un rayon du soleil, tantôt par la commodité d'une comète, il allait de globe en globe, lui et les siens, comme un oiseau voltige de branche en branche. Il parcourut la voie 45 lactée en peu de temps, et je suis obligé d'avouer qu'il ne vit jamais, à travers les étoiles dont elle est semée, ce beau ciel empyrée que l'illustre vicaire Derham se vante d'avoir vu au bout de sa lunette. Ce n'est pas que je prétende que M. Derham ait mal vu, à Dieu ne plaise ! mais Micromégas était sur les lieux, c'est un bon observateur, et je ne veux contredire personne. [...]
[...] - les tendances langagières de tout conte. En utilisant des comparatifs et des superlatifs, Voltaire crée un monde avec des repères simples : un jeune homme de beaucoup d'esprit (ligne nom qui convient fort à tous les grands (ligne La taille de Son Excellence (ligne ce qui fait une très jolie proportion (ligne c'est un des plus cultivés que nous ayons (ligne 19) . - une caractérisation positive qui passe par la multiplication d'adjectifs mélioratifs comme jeune (ligne fort (ligne jolie (ligne 18) - le temps de la description du conte, l'imparfait : avait (ligne s'appelait (ligne avait (ligne L'incipit est dominé par l'imparfait, temps conforme à sa vocation de présenter la situation initiale qui précède l'élément perturbateur et l'utilisation du passé simple (à partir de la ligne 25 : disséqua, composa, fit, trouva, défendit, mit Les éléments traditionnels du conte Outre les formules traditionnelles du conte, le lecteur retrouve également tous ses éléments : .le lieu : comme il inaugure en quelque sorte le roman de science-fiction, il n'est certes pas digne d'un conte de fée, mais demeure imprécis et imaginaire : Dans une de ces planètes qui tournent autour de l'étoile nommée Sirius (ligne . [...]
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