Frêle Bruit est le quatrième tome de La Règle du Jeu, oeuvre autobiographique de Michel Leiris commencée en 1948. Frêle Bruit la clôt en 1976. Il commence sur la narration d'une scène de guerre aperçue depuis sa fenêtre : après avoir assisté à la scène, Leiris se lave les mains, il s'en lave les mains.
[...] La construction de Frêle Bruit marque aussi cette volonté de s'en détacher. En effet, le 4ème tome de La Règle du Jeu ne parle pas seulement de la seconde guerre mondiale, mais aussi de souvenirs amoureux, de réflexions sur l'art, sur la vie quotidienne. Beaucoup d'insertions poétiques ne touchent pas au sujet de la guerre III But de l'écriture - parler de l'écriture virtuose de Leiris (jeu des sonorités, des métaphores, des images, rêve ) Leiris utilise une écriture qualifiée de virtuose par les critiques (Aziz Daki). [...]
[...] C'est à partir de cet acte d'abord inconscient puis analysé que se construit en partie le livre, où la mention du lavage des mains revient plusieurs fois. Nous avons choisi de partir de l'acte véritablement individuel du rapport aux mains, pour expliquer ensuite la vision de la guerre par l'auteur, avant de finir sur la dimension collective du principe et du but de l'écriture de Leiris. Cette progression de l'intime au collectif s'inscrit dans la problématique à développer : Rendre compte de la manière dont l'histoire collective s'inscrit dans un destin individuel et fertilise l'écriture. [...]
[...] Michel Leiris, Analyse de la première scène de Frêle Bruit, le lavage des mains Un jeu serré, sans doute. Mais qu'est-ce, en fait, que ce jeu-là, sinon un double jeu ? Intro Michel Leiris est né à Paris en 1901. Il est auteur, mais aussi ethnologue. Il collabore au mouvement surréaliste, où il montre sa préoccupation pour le langage. Frêle Bruit est le quatrième tome de La Règle du Jeu, œuvre autobiographique commencée en 1948. Frêle Bruit la clôt en 1976. [...]
[...] Mais, ce faisant, je ne laisse pas de tacher mes doigts d'encre. Gribouille ou Pilate, ou les deux à la fois, c'est cela que je suis La qualité d'écrivain est un exutoire, un moyen d'exorciser la cruauté de la guerre vécue, mais aussi un moyen de se déculpabiliser du geste étrangement lâche du lavage des mains. La transmission par l'écriture des données historiques est donc à la fois une souffrance, car perpétuelle hésitation, et un soulagement, car Leiris ressent le besoin d'agir : à la page 40, il effleure cette éventualité Une solution : jouant mon va-tout, descendre dans la rue Il ne l'a pas fait, et se fait donc témoin actif et rapportant dans Frêle Bruit. [...]
[...] - présent Michel Leiris semble vouloir vivre dans le présent : cela est notamment frappant dans la scène de fusillade qui oblige sa femme et lui à interrompre leur route et à attendre, à terre, l'accalmie : page 45, vivre sans appréhension ni remords, sans espérance ni regrets, sans futur ni passé La description de la terrible scène à laquelle assiste l'auteur-narrateur est rendue par le présent. L'action semble se dérouler sous nos yeux. De même, les analyses successives du lavage des mains sont effectuées par le présent. Ce procédé rend intemporelle la vérité de la guerre et la vérité de la mise à distance de Leiris. [...]
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