Le texte de Foucault « Qu'est-ce que la critique ? » est un compte rendu de la séance du 27 mai 1978 qui s'est tenue à la Sorbonne et où Michel Foucault présente quelques réflexions sur les rapports entre critique et Aufklärung pour la Société française de Philosophie.
Foucault commence son intervention en précisant qu'il souhaite parler de la question : Qu'est-ce que la critique ? Il va ainsi parler d'un projet qui ne cesse de renaître à la fois tout près et contre la philosophie en direction d'une « philosophie à venir », à la place peut-être même de « toute philosophie possible », (p. 36). L'enjeu principal de son texte se construit dans l'écart entre deux notions : l'Aufklärung et la critique. Foucault décèle chez Kant un décalage entre ces deux notions, entre ce qu'il voit comme une attitude (l'Aufklärung) et ce qu'il interprète comme une entreprise de connaissance des limites de nos propres capacités de connaître (la critique). La réconciliation de ces deux notions s'expriment dans sa volonté d'analyser ensemble le savoir et le pouvoir, dans un même et unique mouvement. Savoir et pouvoir, attitude critique et question de la critique doivent dans cette philosophie future trouver à s'unir. Mais la méthode à suivre est particulièrement étroite et complexe : elle se trouve prise entre d'un côté la philosophie et de l'autre l'histoire.
[...] Mais la méthode à suivre est particulièrement étroite et complexe : elle se trouve prise entre d'un côté la philosophie et de l'autre l'histoire. I. La gouvernementalisation et l'attitude critique A. Une histoire de l'attitude critique Selon Foucault, il y a eu dans l'Occident moderne, aux alentours des XVe- XVIe siècles, une certaine manière de penser, de dire, d'agir également, un certain rapport à ce qui existe, à ce qu'on sait, à ce qu'on fait, un rapport à la société, à la culture, un rapport aux autres aussi qu'il appelle l'attitude critique (ibid.). Cette attitude critique est spécifique à la civilisation moderne. [...]
[...] Cette époque est nécessairement floue et Foucault la considère comme le moment de formation de l'humanité moderne. Elle correspond à une période sans datation fixe, à multiples entrées puisqu'on peut la définir comme la formation du capitalisme, la constitution du monde bourgeois, la mise en place des systèmes étatiques, la fondation de la science moderne avec tous ses corrélatifs techniques, l'organisation d'un vis-à-vis entre l'art d'être gouverné et celui de n'être pas gouverné. F. L'Aufklärung comme période privilégiée Cette période est un privilège de fait pour le travail historico- philosophique car, à ce moment, des transformations visibles apparaissent à la surface : ces rapports entre pouvoir, vérité et sujet qui sont l'enjeu des analyses de Foucault. [...]
[...] Or ce phénomène de multiplication est indissociable de la question pendante du comment ne pas être trop gouverné ? Il ne s'agit pas pour Foucault de dire que face à la gouvernementalisation on trouve une affirmation contraire qui refuse en bloc le gouvernement, mais que dans l'inquiétude autour de la manière de gouverner et dans la recherche de nouvelles manières de gouverner, on trouve toujours une question qui est : comment ne pas être gouverné comme cela, par cela, au nom de ces principes-ci, en vue de tels objectifs et par le moyen de tels procédés, pas comme ça, pas pour ça, pas par eux (p. [...]
[...] Elle va alors opposer des droits universels et imprescriptibles en face du gouvernement ; subjective : l'attitude critique consiste aussi à ne pas accepter comme vrai une autorité qui se prétend telle, c'est ne l'accepter que si l'on considère soi-même comme les bonnes raisons de l'accepter : le point d'ancrage de cette critique se trouve dans le problème de la certitude en face de l'autorité. On peut ainsi dresser le tableau suivant. E. La critique : l'art de l'inservitude volontaire Le tableau précédent montre le jeu de la gouvernementalisation et de la critique. [...]
[...] C'est donc dans ce chiasme que le problème de l'Aufklärung a été posé en France et en Allemagne au cours du XIXe et du XXe siècle. C. Le retour de la question qu'est-ce que l'Aufklärung en France Selon Foucault, la situation a changé en France au cours de ces dernières années. On en vient à une période où le problème de l'Aufklärung tel qu'il avait été si important pour la pensée allemande depuis Kant, peut être repris dans un voisinage assez significatif avec l'Ecole de Francfort. La question de savoir qu'est-ce que les Lumières nous vient de la phénoménologie. [...]
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