Spécialisé dans la poésie amoureuse, Ovide quitte le genre élégiaque pour aborder le genre épique avec ce long poème narratif dans lequel il veut raconter l'histoire du monde, en quelque sorte, depuis les origines jusqu'à à son temps. L'entreprise relève du souffle épique et l'on ne saurait ranger Les Métamorphoses dans une autre catégorie littéraire. Toutefois, le genre épique y subit des déformations. Long poème narratif, le texte d'Ovide est surtout foisonnant et prend ses distances avec le genre de référence.
Le texte comporte plus de douze mille vers rédigés pour le texte latin selon le mètre épique. Rien de très sensible dans la traduction en prose sinon la capacité du récit à narrer une somme abondante d'histoires. Les différents livres couvrent deux cent trente épisodes de la mythologie. Ceux du programme, une petite trentaine.
[...] Même si on peut déceler un fil conducteur d'ensemble, notamment en distinguant un narrateur premier et d'autres auxquels la narration est déléguée, il n'y a pas de hiérarchie entre les différents niveaux narratifs, les uns venant éclairer les autres. Les récits coexistent, s'enchaînent et se multiplient. Ils couvrent différents types d'histoires. Les métamorphoses juxtaposent toutes sortes d'histoires. On passe en effet de l'amour prodigieux de Pygmalion aux amours monstrueuses de Myrrha, de la mort terrible d'Orphée aux transformations ridicules de Midas, de celles-ci aux amours incroyables de Pélée avec Thétis. Les amours de Ceyx et d'Alcyone donnent l'occasion d'évoquer avec force réalisme une tempête en pleine mer. [...]
[...] Une satire est, dans l'Antiquité, un mélange de propos tenus au fil d'une plume alerte qui aborde différents sujets sur différents modes, dont celui qui vise à dénoncer en se moquant. Si Les Métamorphoses connaissent la cohérence de l'épopée, elles articulent à cette cohérence le foisonnement de la satire et sa dimension parodique. Ovide souscrit au genre épique, lequel convient à son projet narratif, mais il fait œuvre originale et n'hésite pas à prendre ses distances avec le genre qui fait l'apologie de la guerre et de la violence. [...]
[...] La parodie Les deux derniers livres du programme comportent le récit de combats guerriers. La violence s'y déchaîne et les narrateurs ne reculent jamais devant l'évocation des carnages. L'exagération permet d'insister sur la fureur des combats: tout est rouge de sang, le rivage, les premières vagues et le marais qui retentit de mugissements (364). Hyperbolique, l'attaque du loup contre le troupeau de Pélée atteint aussi les éléments du paysage. Mais la description montre ensuite la bête, la gueule rougie par le carnage, ses longs poils souillés de sang La trivialité qui préside à une telle description se retrouve au livre XII lorsque sont montrés les effets dévastateurs des combats sur le corps d'un guerrier qui vomit par sa blessure et sa bouche sa cervelle mêlée à des flots de sang et de vin et qui tombe sur le dos et bat de ses talons le sable humide (390). [...]
[...] Son courage se manifeste lors de son combat contre Cygnus, lui-même fils de Neptune au livre XII. Son père, Pélée, s'était aussi distingué au livre précédent en parvenant à vaincre Thétis et se multiples métamorphoses. L'héroïsme de ces figures importantes est souligné par des épithètes quasi homériques. Orphée est le chantre divin Pélée, le petit-fils de Jupiter Achille est fils d'une déesse Les autres personnages évoqués ne sont pas divins, mais ils appartiennent au monde des rois et manifestent pour la plupart des qualités qui les rendent dignes de figurer dans un poème épique (Pygmalion, roi de Chypre, Ceyx, roi de l'Otea). [...]
[...] Des lignées de héros Les Métamorphoses mettent en scène des héros. Tout d'abord, il s'agit d'êtres nés de l'accouplement de dieux et de mortels. C'est le cas d'Orphée, fils d'Apollon, d'Achille, qui voit le jour grâce aux amours de Pélée avec la déesse de l'onde Thétis. Mais la nature héroïque de ces personnages se lit aussi surtout dans les exploits accomplis. Orphée ose descendre par la Porte du Ténare qui mène aux Enfers et il séduit les ombres du royaume souterrain. [...]
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