Littérature germanophone, Pierre Schlémilh, Adelbert von Chamisso, caractère mystérieux, nature, plaisir scientifique, errance intellectuelle, tribulation, littérature, commentaire de texte
La nature domine dans la dernière partie du récit : après son retrait définitif dans la nature, sont données à voir les errances de Pierre Schémilh dans des espaces naturels divers, mais pourtant peu décrits ou détaillés. Les lieux sont évoqués sans aboutir à des hypotyposes. Ils sont bien plus l'occasion d'un défilé et d'une accumulation de paysages topiques. Dans le reste du récit, la nature est moins présente et se pose en décor : les réceptions mondaines sont données dans des jardins, par exemple. La représentation de la nature, dans l'ensemble de l'oeuvre, est donc caractérisée par une imprécision et une esthétique de l'évocation, de l'esquisse.
[...] Le récit semble même présenter un éloge de la démarche intellectuelle. Le récit construit une distinction marquée entre écrits scientifiques et littéraires. L'œuvre est présentée par l'auteur comme un don de Pierre Schlémilh lui-même. L'histoire merveilleuse se présente donc comme le récit d'une vie confié à un ami. Il s'agit d'un écrit personnel qui se construit sous la forme d'une très longue lettre, comme en témoignent plusieurs apostrophes à l'adresse de Chamisso. Cet écrit s'oppose ainsi aux écrits scientifiques rédigés par Pierre : il en fait mention à la fin de son Histoire et envisage de les faire parvenir à l'université de Berlin. [...]
[...] Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade » GANDELMAN-TEREKHOV Vera, « L'itinéraire d'Adelbert von Chamisso : de l'hybride à l'universel », in Recherches germaniques, HS pp. 19-39 En ligne : https://doi.org/10.4000/rg.9255 PARMENTIER Sabine, « Œuvre et vie d'Adelbert Von Chamisso », in Figures de la psychanalyse, numéro pp. 167-185 En ligne : https://doi.org/10.3917/fp.007.0167 PILLE René-Marc, « Peter Schlemihl récit initiatique ? Essai de lecture anthropologique », in Cahiers d'Études Germaniques, numéro pp. [...]
[...] De même, Pierre traverse « les colonnes d'Hercule », nom antique du détroit de Gibraltar. La nature est donc présentée sous un jour merveilleux et elle revêt presque des pouvoirs surnaturels dans certains passages. Elle peut ainsi se présenter comme un berceau protecteur idéal, propice à l'apaisement dans un moment d'errance et de tourments, tout comme une force maléfique qui place le personnage en disgrâce. Lorsque Pierre rencontre le paysan du chapitre espace et temps convergent et révèlent le secret de Pierre à son interlocuteur : c'est au moment de la narration d'une catastrophe dans un lieu ravagé que Pierre est renvoyé à sa condition d'exilé. [...]
[...] Merveilleuse et mystérieuse, un fossé se creuse entre nature et société et le récit construit une très nette dichotomie. Lors de la réception qui se déroule au début du récit, un tapis est posé sur l'herbe pour permettre aux hôtes de s'asseoir. C'est donc un voile qui se dresse entre l'espace naturel et la société. Au même moment, Fanny se blesse en tentant de cueillir une rose : cet incident peut apparaître comme un nouveau signe de distance entre nature et culture ; et la nature se présente presque ici comme un sujet à part entière, capable d'imposer sa grâce ou sa disgrâce aux personnages. [...]
[...] Cette conversion marque un tournant dans l'œuvre car la retraite dans la nature est désormais pleinement acceptée. Auparavant, la retraite dans la nature était le signe d'un rejet de la société et s'accompagnait de souffrances : des récits de conscience mettaient souvent au jour les tourments de Pierre. Mais la tonalité du récit et le caractère du personnage changent à partir de la conversion. Le récit n'est plus empreint de tristesse mais au contraire, une forme d'innocence et de légèreté s'installe. [...]
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