Commentaire composé sur l'Acte II Scène 2 de Les Acteurs de bonne foi écrite par Marivaux.
[...] Sans ménagement, il les met brutalement face à l'image qu'ils lui renvoient. Ainsi, dans sa bouche, Lisette est comme une maligne soubrette à qui l'on n'en fait point accroire Blaise En partenariat avec www.bacfrancais.com a l'air d'un nigaud pris sans vert Colette serait une petite coquette de village et il se garde le beau rôle : un joli homme De plus, il s'immisce dans l'intimité de chacun en se saisissant de leur personnalité. Les acteurs seront en effet sans la protection de la fiction, et donc très exposés aux blessures d'orgueil, aux quiproquos, aux accès de sincérité parfois dangereux. [...]
[...] LISETTE C'est à nous deux à commencer, je crois. MERLIN Oui, nous sommes la première scène ; asseyez-vous là, vous autres ; et nous, débutons. tu es au fait, Lisette. (Colette et Blaise s'asseyent comme spectateurs d'une scène dont ils ne sont pas.) Tu arrives sur le théâtre, et tu me trouves rêveur et distrait. Recule-toi un peu, pour me laisser prendre ma contenance. Analyse : La question des limites du jeu Centrale dans ce texte, cette problématique est celle de tout acteur qui doit se couler dans un personnage avec lequel il entretient des rapports souvent complexes. [...]
[...] MERLIN De très-jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de votre caractère, vous autres : toi, tu joues une maligne soubrette à qui l'on en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l'air d'un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle ; une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose ; un joli homme et moi, c'est tout un. Un joli homme est inconstant, une coquette n'est pas fidèle : Colette trahit Blaise, je néglige ta flamme. Blaise est un sot qui en pleure, tu es une diablesse qui t'en mets en fureur ; et voilà ma pièce. Oh ! [...]
[...] Prenez garde, au moins ; il ne faut pas du tout de bon : car j'aime Colette, dame ! MERLIN À merveille ! Blaise, je te demande ce ton nigaud-là dans la pièce. LISETTE Écoutez, Monsieur le joli homme, il a raison ; que ceci ne passe point la raillerie ; car je ne suis pas endurante, je vous en avertis. MERLIN Fort bien, Lisette ! Il y a un aigre-doux dans ce ton-là qu'il faut conserver. En partenariat avec www.bacfrancais.com COLETTE Allez, allez, Mademoiselle Lisette ; il n'y a rien à appriander pour vous ; car vous êtes plus jolie que moi ; Monsieur Merlin le sait bien. [...]
[...] Conclusion : Merlin est content du tour qu'il va jouer à ses comédiens en les faisant jouer leur propre rôle. Il les encourage à dépasser leur peur. Marivaux évoque ici les risques du métier de comédien . Et le titre est un clin d'œil à cette question centrale des limites du jeu. [...]
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