1644, Menteur, scène d'exposition, Corneille, transposition de Madrid, Paris, goût du public, métamorphose de Dorante, valet, moraliste
La première scène du premier acte du Menteur est, bien entendu, une scène d'exposition. Mais cette exposition est incomplète et diffère sur plusieurs points de celle de son modèle La Vérité suspecte (La Verdad sospechosa) d'Alarcón. On verra en quoi ces écarts orientent la pièce dans un sens différent et en quoi la transposition de Madrid à Paris est à même de rencontrer le goût du public.
[...] 154) et serait à Paris depuis un an, cherchant partout la belle pour l'« entretenir de [s]on affection » (v. 160). Son habit de « cavalier » rend crédible cette affabulation et met les chances de son côté, le prestige de l'uniforme étant supérieur à celui de l'habit d'étudiant. Il refuse en effet de « sent[ir] l'écolier » (v. 8). Corneille met dans la bouche de Dorante des propos ressemblant à ceux de Garcia : « Dis-moi, me trouves-tu bien fait en cavalier ? » (Corneille, « Cet habit me sied-il (Alarcón, 3). [...]
[...] Un mur longé d'une petite rue, qui conduit à la Seine, l'isole du château. Là se réunissent les jeunes aristocrates. Une fois encore, après la Place Royale et la Galerie du Palais, c'est un lieu aisément identifiable pour les spectateurs. Le provincial Corneille connaît les exigences du public parisien. Cette fréquentation des gens de qualité explique la réplique de Cliton qui se caractérise par un niveau de langue moins soutenu : marchandise est de trop bon aloi ;/Ce n'est point là gibier à des gens comme moi » (v. 99-100). [...]
[...] Chez Corneille, en particulier au dénouement, il n'y a pas de condamnation franche du comportement de Dorante. Il cherche à se comporter comme il convient « aux royaumes du Code » (v. 9). Les amusements propres aux étudiants sont les mêmes dans les deux pièces. Ainsi le Licencié affirme qu'en province Salamanque ils sont jeunes, ils dépensent leur bonne humeur ; chacun suit son penchant ; ils font bon marché du vice, et parade des actions légères ; ils se vantent de leurs folies. » 2). [...]
[...] Menteur, scène d'exposition - Corneille (1644) - En quoi la transposition de Madrid à Paris est-elle à même de rencontrer le goût du public ? IMITATION ET CRÉATION DANS LA PREMIÈRE SCÈNE DU MENTEUR DE CORNEILLE La première scène du premier acte du Menteur est, bien entendu, une scène d'exposition. Mais cette exposition est incomplète et diffère sur plusieurs points de celle de son modèle La Vérité suspecte (La Verdad sospechosa) d'Alarcón1. On verra en quoi ces écarts orientent la pièce dans un sens différent et en quoi la transposition de Madrid à Paris est à même de rencontrer le goût du public. [...]
[...] (Le Menteur, v. 103-104) En outre, Cliton parle comme dans la farce, en reprenant le thème traditionnel, que l'on retrouve aussi dans la comédie, le cocuage : pre?vois du malheur pour beaucoup de maris » (v. 15). D'ailleurs, dans l'adaptation télévisée de 19562, Robert Manuel, qui joue le rôle, place malicieusement ses doigts sur sa tête en guise de cornes. Au début de la scène, son propos manque déjà d'élégance, ramenant l'amour à un (grossier) appétit : « Vous avez l'appétit ouvert de bon matin » (v. 24). CONCLUSION Dorante est plus séduisant que son modèle don Garcia, présenté dès le début de façon négative. Corneille ne donne pas de leçon de morale. [...]
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